• Préhistoire

    Au musée de l’Homme<o:p></o:p>

    De vieux os<o:p></o:p>

    Présent du 7 février 2009<o:p></o:p>

    Les témoignages de l’activité humaine au néolithique (entre 5000 et 4000 avant notre ère) sont nombreux en Europe. Ces dernières années d’émouvantes découvertes ont été faites : deux enfants avec leurs parents dans une même tombe à Erlau (Allemagne), antique preuve de l’existence d’une cellule familiale ; couple face à face et membres entrelacés à Mantoue ; depuis un an à Murcia (Espagne), une nécropole a livré mille trois cents individus enterrés en position fœtale. Cependant ces milliers d’années ne pèsent pas lourd face au saut d’un million d’années que font les chercheurs en fouillant depuis les années 1990 le site d’Atapuerca près de Burgos.<o:p></o:p>

    La Sierra d’Atapuerca a été transpercée à la fin du dix-neuvième pour établir une liaison de chemin de fer à usage minier. Les collines étaient déjà connues pour leurs grottes mais ces travaux en ont révélé beaucoup d’autres. Aujourd’hui on estime qu’une quarantaine de grottes offre des ressources paléontologiques, et les fouilles actuelles n’en concernent que sept. Ce qui fait d’Atapuerca un site unique est d’abord qu’il couvre une période d’un million d’années alors qu’ordinairement un site préhistorique ne concerne qu’un temps limité, et qu’il représente 85% des découvertes mondiales remontant au Pléistocène moyen. Les richesses sont telles que la Sierra d’Atapuerca a été classée au Patrimoine Culturel de l’Humanité (décembre 2000) et qu’un musée va s’ouvrir l’an prochain à Burgos, le Musée de l’Evolution Humaine.<o:p></o:p>

    La Grotte de l’Eléphant abrite les fossiles des hominidés les plus anciens d’Europe occidentale, ils remontent à –1,2 million d’années (l’Homo georgicus, trouvé en Géorgie en 1999 est datable de –1,8 millions). Les particularités osseuses ont permis de déterminer une nouvelle espèce, l’Homo antecessor, proche de l’ancêtre commun des néandertaliens et de l’Homo sapiens (vous et moi). La réalité de cette espèce est contestée par certains chercheurs qui estiment que la relative jeunesse des restes découverts ne permet pas de s’avancer si loin et qu’il s’agit simplement d’Homo heidelbergensis ou d’Homo erectus. Quoi qu’il en soit ces humains utilisaient des outils de pierre taillée et aimaient la chair fraîche : des os appartenant à une dizaine d’enfants et jeunes adultes présentent des marques de coupures qui laissent présager des actes de cannibalisme. Mais ils mangeaient aussi d’autres viandes : les ossements d’animaux grands et petits permettent d’autres recherches non moins intéressantes sur la faune de l’époque. La Grotte de Gran Dolina livre les restes de la descendance de l’Homo antecessor entre –1 000 000 et –780 000.<o:p></o:p>

    Une autre espèce prend le relais, l’Homo heidelbergensis (–500 000 et –350 000). Dans la Grotte des Os, un puits de treize mètres a servi de tombe à vingt-huit personnes. Les plus vieilles funérailles connues. Un biface, pierre taillée, à mi-chemin entre hache à main et couteau, y a été trouvé, on s’interroge sur sa signification : une offrande ? Chance rare, deux éléments de squelette subsistent intacts, un bassin et un crâne (illustration). Le crâne de l’Homo heidelbergensis avait une capacité allant de 1 100 à 1 380 cm3 (le nôtre est de 1400 cm3). Le bonhomme était trapu et charpenté : 1,80 mètre pour 100 kilos. <o:p></o:p>

    Prisonniers du puits, les squelettes empilés ont mêlé leurs os mais n’en ont égaré aucun ce qui a permis de mettre la main sur des osselets de l’oreille (moins d’un centimètre). Leur étude permettra d’en apprendre plus sur l’audition de ces hominidés et donc – peut-être – sur leur langage. La paléontologie grâce aux moyens modernes, connaît des progrès étonnants et toujours passionnants. La paléopathologie diagnostique les maladies, trouve parfois la cause de la mort. Une dent permet de connaître l’alimentation à l’âge adulte mais également celle de l’enfance et de déterminer, lorsqu’on compare les dents d’individus différents, ceux qui ont grandi ensemble et ceux qui viennent d’ailleurs : on conclut ainsi à une pratique exogamique ou non. <o:p></o:p>

    Résultats probants dans le détail, mais la vision d’ensemble reste subjective : les implications idéologiques, la frontière entre l’homme et animal, pèsent lourd. On estime que l’homme et le singe se sont différenciés il y a sept millions d’années ; l’explication de son expansion mondiale reste hypothétique (trois théories). Le système est si fragile que toute nouvelle découverte peut le remettre en cause. Hors science, sur le dogme évolutionniste s’est greffée la morale écologiste : pour certains forcenés, le chimpanzé a fait preuve d’une réelle sensibilité environnementale alors que l’homme s’est comporté comme un singe pollueur. <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Atapuerca, sur les traces des premiers Européens, <o:p></o:p>

    jusqu’au 16 mars 2009, Musée de l’Homme<o:p></o:p>

    Illustration : Crâne complet, 500 000 ans avant notre ère (Sima de los Huesos, Atapuerca).<o:p></o:p>


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