• Remarques sur de vieilles épitaphes

    remarques sur de vieilles épitaphes<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

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    Pour compléter cette étude sur l’art funéraire, voici des fragments d’épitaphes latines des xvie et xviie siècles ; manière comme une autre de mesurer les progrès de la civilisation.<o:p></o:p>

    Le devoir de mémoire, si à la mode aujourd’hui, existait déjà : « Louis de B. et Anne G., époux très chers, prirent le soin de faire graver ceci pour que mémoire en soit gardée.[1] » ; « Ce monument ayant été élevé à la pieuse mémoire des ancêtres et en exemple aux descendants[2] ».<o:p></o:p>

    Parlant d’enfants, garçons puis filles : « Eux, honorés par des fonctions brillantes ; elles, mariées de façon éclatante, à commencer par Madeleine qui épousa son céleste époux au couvent des Filles de Dieu. Dispersés par des destins variés, tous ont été réunis dans ce sépulcre familial.[3] » Cette dernière phrase illustre remarquablement la vie d’une famille, sa vie post mortem y compris.<o:p></o:p>

    Parlant d’un fils mort avant son père : « il devança son père dans le cours que suit toute chair en cédant aux destins le 21 juin 1636 [4]». Ces expressions reviennent souvent :  parcourir le cours de toute chair, céder aux destins, céder à la nature [5] ; également : « il changea la vie pour la mort [6]».<o:p></o:p>

    La fidélité dans la charge est louée : « il passa trente ans dans la même dignité au service de la chose publique, toujours actif ; le royaume ayant vacillé, il resta fidèle au Roi malheureux.[7] » ; autre formule (plus concise en latin) : « comme il avait vécu il mourut : pour le Roi.[8] »<o:p></o:p>

    Voici un compte rigoureux du temps qui passe : « Elle usa de cette lumière 66 ans, 8 mois, 10 jours, et nous quitta le 3 des calendes de juin 1615 ; ils vécurent ensemble 40 ans, 10 mois et 14 jours.[9] »<o:p></o:p>

    « Ayant connu l’une et l’autre fortune, il a été enterré ici l’année 1650 [10]». L’une et l’autre fortune, la bonne et la mauvaise, le bonheur et le malheur…<o:p></o:p>

    Le souci de l’au-delà est bien sûr présent : « réfléchissant sérieusement à la mort et à la résurrection, il ordonne d’être enterré ici avec le pardon préalable du Dieu très bon et très grand.[11] ».<o:p></o:p>

    On pourrait citer bien d’autres phrases éloquentes, simples. La tenue ou l’originalité de leur formulation contrastent singulièrement avec les manières contemporaines. Elles évoquent un temps où la parole publique était digne.<o:p></o:p>

    Amédée Schwa



    [1] hoc incidi curavere ne memoria excidat Ludovicus de Bragelogne, Anna Galand, coniuges charissimi.<o:p></o:p>

    [2] ad piam majorum memoriam ad posterorum exemplum hoc excitato monumento.<o:p></o:p>

    [3] illi praeclaris muneribus honestati, istae illustribus matrimoniis elocatae, Magdalenae imprimis quae in coenobio Dei Filiarum nuncupato coelesti sponso nupsit nonnulli in hocce familiari sepulchro conditi alii alio pro varia sorte illati.<o:p></o:p>

    [4] in hoc universae carnis curriculo patrem antervertit, fatis concessit xxi iunii anno mvicxxxvi.<o:p></o:p>

    [5] naturae concessit.<o:p></o:p>

    [6] vitam cum morte commutavit.<o:p></o:p>

    [7] et in eadem dignitate quam per annos 30 gessit publicae rei causae nihil non agens nutante regno Regem coluit etiam in felicem.<o:p></o:p>

    [8] ut Regi vixit sic moritur.<o:p></o:p>

    [9] hac luce usa est 66 annis mensis 8, dies 10 migravit 3e Kalendas januarii anno 1615, una 40 annos, menses 10, dies 14 vixerunt.<o:p></o:p>

    [10] utramque expertus fortunam hic sepultus est anno M VIc L.<o:p></o:p>

    [11] serio de morte ac resurrectione cogitans, praefata Dei optimi maximi venia hic sepeliri sejubet.<o:p></o:p>



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