• Rodin et Eros

    Au musée Rodin

    Rodin en quête de perfection<o:p></o:p>

    Valeurs actuelles n°3663 du 9 fév.2007<o:p></o:p>

     

    <o:p></o:p>


     

     

     

    « Comment décrire cette chair qui me rend si attentif ? » se demandait Rodin. Les dessins exposés sont autant de tentatives de réponse. Fuir les poses académiques et convenues telles qu’elles se répètent d’atelier en atelier semble pour lui un préalable : il laisse poser et bouger les modèles comme elles l’entendent. Vers la fin de sa vie, il engagea des danseuses acrobatiques pour trouver des poses toujours plus équilibristes. Cependant existe un type de pose rodinien, d’où s’infère qu’il devait tout de même les guider et les diriger.

    <o:p></o:p>

    La vitalité de ces nus ne vient pas tant de la pose que du trait, marque la plus révélatrice de la personnalité d’un artiste. Chez Rodin les ondulations s’attachent à dire les subtilités de la forme, pour parvenir à ce but ultime de suggérer, par la pression d’une mine sur le papier, un volume tridimensionnel qui ne soit pas que de la viande ; si Rilke évoquait, en parlant de ces nus, « la force et la chaleur immédiates d’une vie pour ainsi dire animale », l’attention de Rodin pour la chair dit bien la profonde interrogation d’un artiste face à son sujet, pour qui le réel ne fut jamais interprété sous l’angle matérialiste. Son œil à la fois scrutateur et contemplatif lui donnait la certitude que le réel ne s’arrêtait pas à la barrière charnelle.<o:p></o:p>

    Aussi les nus de Rodin ne sont-ils pas réductibles à des figures érotiques, même s’il est évident que les années passant son intérêt pour le sexe féminin peint, regardé, se renforça comme il appert des poses mêmes qui souvent le mettent en avant. Cependant, ce ne sont jamais les dessins d’un érotomane : l’artiste devant un corps a la même concentration que devant un paysage ou une nature morte, et le regard clinique du médecin. Les dessins de Rodin nous montrent, plus que de l’érotisme, sa recherche d’une solution au problème plastique qu’il lui importe de résoudre. En cela son travail est fort éloigné des petites et grosses cochonneries dont l’art contemporain prétend nourrir nos intelligences. Ni « transgressif » (épithète obligée de nos jours), ni « en rupture » (idem), il est d’une autre nature. Rodin cherche sa perfection et non à nous pervertir.<o:p></o:p>

    Des sculptures rompent la monotonie de l’exposition : la belle Femme accroupie ; la provocante Iris à laquelle manquent un bras et la tête, procédé cher à Rodin non par sadisme mais pour ne pas distraire l’œil par des volumes jugés inutiles ; une étude pour le Balzac, nu dont les mains cachent l’érection, rappel du Priape antique qui était moins un symbole sexuel que de fertilité. La seule œuvre malsaine, dans tout cela, est une Crucifixion, où une Madeleine nue se tort au pied d’un Christ grimaçant, œuvre à mettre en rapport avec une pièce de Rodolphe Darzens, L’amante du Christ (1888), qui était, déjà, une « tentation du Christ ». (Quelle resucée aura été le Da Vinci Code !)<o:p></o:p>

    Des autres indécences Rodin n’est pas responsable : les vulgarités consignées dans le livre d’or sont le fait des visiteurs, et la gigantesque horreur en acier déposée devant la façade de l’Hôtel Biron, celui-ci d’élégance dix-huitième, est imputable au conservateur en chef, à qui on ne saurait reprocher d’avoir exposé des dessins ne méritant ni regards indignés ni lecture exclusivement érotologique. Tout au plus est-ce l’étiquette, facile, qu’on blâmera.<o:p></o:p>

    Samuel

    <o:p>Les figures d'Eros, </o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p>Musée Rodin, </o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p>jusqu'au 18 mars 2007, </o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p></o:p><o:p>illustration: Bacchante (c) Musée Rodin</o:p><o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    <o:p></o:p>


     

    voir également

    <o:p>
    </o:p>
    <o:p></o:p><o:p></o:p><o:p></o:p>


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :