• Rond Carré (à propos des carrés magiques)

    [...] Il appert de cela qu’un sudoku n’est pas autre chose qu’un carré latin, ou carré magique. Qu’on ait délaissé ces appellations traditionnelles au profit d’un terme exotique m’attriste d’autant plus que sudoku signifie « chiffre unique », ce qui n’a pas la richesse d’évocation de « carré magique », où l’adjectif révèle l’émerveillement ressenti devant la mécanique impeccable des nombres. Les anciens aimaient les jeux de chiffres et de lettres, qu’ils nommaient des nugae difficiles, des « bêtises difficiles » ou des « riens malaisés .» [...]

    Plus curieux, moins futile peut-être, le carré magique se décline également sous forme de grilles remplies de lettres. Le plus connu est celui-ci :

    s a t o r

    a r e p o

    t e n e t

    o p e r a

    r o t a s

    Les cinq lignes, ou les cinq colonnes, « conservent, dans tous les cas, la propriété de se retrouver identiques à elles-mêmes par quelque bout qu’on les prenne et en quelques sens qu’on cherche à les lire », écrit Jérôme Carcopino dans l’étude qu’il en a faite, « Le christianisme secret du carré magique », qui ouvre Les fouilles de Saint-Pierre et la Tradition (Albin Michel, nouvelle édition revue et augmentée, 1963). S’y combinent la lecture classique, la lecture en sens inverse, le palindrome et le boustrophédon.

    Ces quelques mots, Carcopino les traduit par « le semeur, veillant à sa charrue, tient avec soin ses roues », phrase dont la platitude cacherait le sens profond, et chrétien, du carré : la croix figurée par les mots « tenet », les lettres permettant d’écrire, sous forme de croix, « pater noster », ne laissant comme lettre que A et O, l’alpha et l’oméga (qui encadrent chacun des T, qui n’est pas autre chose que le tau grec figurant la croix). Ce carré serait un signe de reconnaissance à l’usage des communautés chrétiennes des premiers siècles. Il va sans dire que je résume grossièrement des démonstrations et des discussions très érudites.

    Le carré « Sator arepo » provoque aussi des thèses moins érudites : cabalistes, hermétiques, alchimiques... car les «jeux» de lettres et de chiffres sont propices aux vaines théories. [...]

    Lisez l'intégralité de l'article de G. Lindenberger dans lovendrin n°11.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :