• Rouault (Georges)

    Au centre Pompidou<o:p></o:p>

    Rouault le Jeune<o:p></o:p>

    Présent du 2 août 08<o:p></o:p>

    Aux abords de la galerie des fauves (Matisse, Vlaminck, Kupka…), le musée G. Pompidou a rassemblé vingt-cinq œuvres de Georges Rouault (1871-1958). Une toute petite exposition, donc, consacrée pour l’essentiel aux années 1905-1910. Œuvres contemporaines du fauvisme, mais combien différentes. Le cerne noir, hérité de son apprentissage chez un peintre verrier, parfois épaissi jusqu’à devenir lui-même un à-plat en mouvement, ce trait noir cerne des couleurs mates et sourdes qui n’ont rien de fauve. L’inspiration de Rouault, pour être féroce, est plus compliquée que celle d’une bête sauvage : sociale et dramatique, marquée par Daumier et Toulouse-Lautrec, mais également chrétienne.<o:p></o:p>

    Ses portraits de filles, thème banal du XIXe finissant, commun aux peintres comme aux poètes, n’ont rien de magnifié : devant le miroir, dans une pièce sordide, un corps blême aux yeux fardés s’apprête ; <st1:personname productid="la Fille">la Fille</st1:personname> debout, décatie, en tenue de travail, attend, tout comme le trio de filles assis sur un banc : leurs différentes tailles produisent un effet comique, tandis que l’identique affublement, qui signale les chairs interchangeables, provoque la tristesse, une pitié grinçante propre à Rouault.<o:p></o:p>

    Le même désenchantement transpire dans les huiles ou aquarelles consacrées au cirque. Les clowns, les acrobates, lorsqu’ils paradent, ne suscitent ni rêve ni féerie : exhibé dans la rue, le clown n’est plus qu’un pitre (illustration). Il a eu tort de sortir du cercle de la piste qui garantissait la magie du spectacle.  Polichinelle, éclairé par une lune sale, se trouve être un homme fatigué, marqué par la boisson. Le portrait du Conférencier, homme à besicles, vient tout droit de Daumier pour le style, ou de Dickens : on se souvient de tel ou tel pédant professant dans une pension sévère. Le Jeu de massacre, pour lequel l’artiste n’utilise pas moins de quatre techniques (aquarelle, gouache, encre de chine, craies de couleur), est basé sur une ambiguïté : les visages grotesques sont-ils ceux du jeu ou ceux des joueurs ? Leurs grimaces appellent la balle ou l’annoncent.<o:p></o:p>

    Il y avait dans cette peinture, et dans le tempérament de Rouault, de quoi séduire Léon Bloy, mais ce fut d’abord Rouault qui fut séduit par l’écrivain en lisant <st1:personname productid="La Femme">La Femme</st1:personname> pauvre, trouvé dans la bibliothèque de son maître Gustave Moreau. De 1905 à sa mort en 1917, Léon Bloy le reçoit fréquemment chez lui. G. Rouault se lie avec d’autres proches de la famille Bloy, en particulier les Maritain. Bloy visite le musée Gustave Moreau, dont Rouault est devenu conservateur en 1898, et, s’il apprécie les grandes compositions du maître, il déplore son inspiration peu chrétienne et admire plus Le Christ enfant parmi les docteurs pour lequel Rouault a reçu le prix Chenavard. Bloy retrouve dans la peinture de Rouault une puissance d’expression chrétienne qu’avait eue, un temps, la peinture de son ami Henry de Groux, puissance si opposée à l’art sulpicien, art honni. En 1914, Léon Bloy lui dédicace une réédition du Désespéré dont le frontispice est une photographie de l’auteur devant un troupeau de cochons : « Avec une petite image de piété pour se souvenir du Jugement dernier, quand nos contemporains auront été restitués à leur forme véritable. » <o:p></o:p>

    La toile la plus tardive (1925) est L’Apprenti ouvrier. C’est un autoportrait, calme et digne. Rouault s’y montre en imagier des anciens temps. Son visage presque enfantin sous une coiffe nous renvoie à quelque primitif. A cette date, le dadaïsme mourant a accompli son œuvre de subversion, mais L’Apprenti ouvrier maintient le cap et manifeste – d’une manière aussi discrète que sûre d’elle-même – qu’il existe une autre voie pour la peinture et pour l’artiste. Cette voie plus paisible et plus lumineuse, Rouault contribuera à la dégager, à en assurer le terrassement. Quelques œuvres l’annoncent déjà, comme la faïence peinte d’un nu dans la nature, aux tons cézanniens, ou tel nu, une baigneuse aux bras levés (1907, aquarelle et gouache), dépourvue de toute lividité.<o:p></o:p>

    Dans la série des paysages, L’escalier du parc de Versailles, et Versailles, le jet d’eau, illustrent parfaitement la spontanéité et l’emploi personnel des techniques : l’étonnant effet de crépuscule du Jet d’eau, proprement entre chien et loup, est obtenu en mariant le pastel et l’aquarelle.<o:p></o:p>

    Différentes expositions, au Japon, en Italie, aux USA, commémorent cette année les cinquante ans de la mort de l’artiste ; l’exposition du centre Pompidou constitue un prologue à celle qui s’ouvrira en septembre à <st1:personname productid="la Pinacoth│que">la Pinacothèque</st1:personname> de Paris, où une partie du fonds du musée Idemitsu (Japon) sera présentée au public français.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Hommage à Georges Rouault – 1871-1958 –, l’effervescence des débuts, <o:p></o:p>

    jusqu’au 13 octobre 08, Centre Pompidou<o:p></o:p>

    illustration : Clown, 1910-1913 © Centre Pompidou © Adagp, Paris, 2008. J.-Cl. Planchet<o:p></o:p>


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