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Sculpture bouddhique
Sculpture bouddhique<o:p></o:p>
Présent du 21 mars 09<o:p></o:p>
On désigne par « Royaume de Dvarati » une civilisation môn indianisée qui s’est épanouie du Ve au XIe siècle sur la terre de l’actuelle Thaïlande, après quoi elle a disparu sous la pression des Khmers, des Birmans et des Siamois. Son histoire est obscure, réduite à des témoignages extérieurs, à quelques pièces de monnaie, à des poussières de ruines du fait de la fragilité des matériaux employés (brique, stuc, terre cuite). Maigre matière, que compense heureusement ce que Dvarati a laissé de plus solide, sa sculpture religieuse.<o:p></o:p>
De par sa position géographique, Dvarati était un lieu de passage pour les négociants entre Inde du Nord-Est et Chine du Sud ; continuant l’expansion lancée par l’empereur Asoka au IIIe siècle avant Jésus Christ, les missionnaires indiens y apportèrent au début de notre ère le bouddhisme dit theravada, « doctrine des Anciens », appelé aussi Petit Véhicule en référence à la perspective individuelle qui est la sienne. Cependant des traces de la doctrine du Grand Véhicule, dans lequel le salut de tous les êtres importe, sont perceptibles, et des représentations de Vishnou et de Shiva attestent la présence de l’hindouisme. <o:p></o:p>
Trois thèmes émergent de la sculpture bouddhique de Dvarati : Bouddha, les bornes rituelles, et les étonnantes roues de la Loi (illustration). Symboles de l’enseignement du Bouddha lors du sermon qu’il donna à ses cinq moines après avoir reçu l’Eveil, les roues dérivent d’un modèle indien remontant à la période aniconique, mais alors qu’elles disparurent en Inde après que l’invasion grecque lui eut révélé la possibilité d’honorer des images humaines, elles continuèrent d’être taillées à Dvarati parallèlement aux effigies du Bienheureux.<o:p></o:p>
Massifs disques de pierre en grès d’au moins un mètre de diamètre, les roues étaient montées sur un pilier et à leur base s’asseyaient, pour rappeler que « la mise en branle de la roue de la Loi » avait eu lieu dans le parc aux gazelles de Sarnath, quatre gazelles de petites tailles dont il en subsiste d’assez charmantes. Les roues sont diversement ornées, de piliers à chapiteaux « ioniques », de motifs végétaux, etc. Il est envisageable que des reliefs propres à Dvarati étaient fixés au moyeu des roues : Bouddha y apparaît entouré de deux personnages, monté sur un animal hybride ; le sens à donner à n’est pas assuré.<o:p></o:p>
Taillées plus grossièrement, de grandes stèles dérivant probablement de mégalithes liés à des cultes des morts protohistoriques, ont été adoptées par le bouddhisme en tant que bornes rituelles destinées à délimiter des espaces sacrés. Illustrées de scènes de la vie de Bouddha ou de ses vies antérieures, elles peuvent être datées des Xe-XIe siècles, au vu des influences khmères qu’on décèle sur certaines d’entre elles. Leur rudesse ne correspond donc à pas à une ancienneté.<o:p></o:p>
Les images du Bouddha se déclinent en grès ou en bronze. L’influence de l’art gupta (IIe-IIIe siècles) est indéniable, et logique ; recevant de l’Inde la religion, Dvarati devait en recevoir l’art. La représentation suit la codification indienne : protubérance crânienne, touffe de poils entre les sourcils, et les différents Mudrâ, positions des mains qui toutes ont une signification. Cependant les sculpteurs môns ont peu à peu développé des spécificités, ainsi le geste de l’argumentation – qui exprime l’enseignement de la doctrine –, paume tournée vers l’extérieur, pouce et index joints, est parfois redoublé, exprimé des deux mains. L’arc des sourcils se galbe de manière accentuée, les paupières se baissent et leurs courbes est elle aussi plus marquée ; le sourire acquiert de la douceur. <o:p></o:p>
Douceur est le maître mot de cette sculpture, et rarement mollesse : les visages expriment une plénitude, rendus plus mystérieux par le grès gris. L’art du royaume de Hariphunchai, plus au nord, a subi l’influence de Dvarati, bénéfique, puis les influences khmères et birmanes, inférieures : le sourire devient rictus, les sourcils ne tracent qu’une accolade. Il y a peu de l’état de grâce à sa caricature. <o:p></o:p>
Centres commerciaux et religieux d’importance, trois sites urbains ont livré des décors intéressants. Ces panneaux de stuc racontent encore des épisodes des vies de Bouddha, comme par exemple lorsqu’il était un éléphant à six défenses, mais à l’occasion ce sont des scènes plus profanes qu’il nous est permis d’admirer. Les attitudes sont charmantes, les visages gracieux : une femme de haut rang apparaît en compagnie de sa suivante ; un orchestre composé de cinq musiciennes renseigne sur l’habillement et les instruments, lesquels relèvent de modèles indiens et centrasiatiques. <o:p></o:p>
La presque totalité des œuvres présentées par le musée Guimet provient de musées thaïlandais, ce qui classe cette exposition parmi celles « A voir absolument ».<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Dvarati, aux sources du bouddhisme en Thaïlande, <o:p></o:p>
jusqu’au 25 mai 2009, Musée Guimet
PROLONGEMENT JUSQU'AU 22 JUIN<o:p></o:p>
illustration : Roue de la Loi, 7e siècle, Musée national de Nakhon Pathom © Thierry Ollivier / Musée Guimet<o:p></o:p>
Tags : thaïlande, bouddhisme, sculpture
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