• Skyrock (2)

    Mauvaises ondes

    Bellanger sauvé par le capital

    La mobilisation pour maintenir le directeur de Skyrock à son poste a payé (voir Présent du 15 avril). Payé, c’est le mot : le Crédit Agricole a fait affaire avec Axa et Pierre Bellanger.

    L’annonce de la mise à l’écart du PDG historique de la radio avait vu s’allier les « jeunes » (auditeurs, rappeurs) et les « vieux » de l’UMPS (Lang, Hollande, Mitterrand, Boutin…). Et tous de chanter en chœur un hymne à la diversité culturelle. A ces savetiers, manquait un financier, ce sera Jean-Paul Chifflet. Le directeur du Crédit Agricole, « touché » et « impressionné » par le mouvement, s’engage « pour que Pierre Bellanger puisse continuer son œuvre » – une œuvre essentiellement démoralisatrice et anti-nationale. Il a également vanté les « valeurs » de cet homme, condamné l’an dernier pour corruption de mineurs.

    Quand un banquier parle de « valeurs », il sait de quoi il parle. La banque, dans un communiqué, a annoncé vouloir « préserver tout ce qui fait l’esprit de Skyrock » (à savoir la liberté d’expression et la musique urbaine, pas agricole), mais également « développer » le groupe. Le montage est le suivant. Le Crédit Agricole et Bellanger créent une société dont celui-ci sera majoritaire à 51 %, laquelle société contrôlera le groupe Skyrock à 60 %, tandis qu’Axa Private Equity gardera 40 %.

    Jack Lang avait dénoncé les capitalistes qui en voulaient à « l’identité » de la radio. Il suffisait de trouver de bons capitalistes. En réalité, l’identité de Skyrock est aussi profondément capitaliste en sous-main qu’elle est libertaire au micro. Le groupe a toujours été l’objet de montages capitalistiques complexes et Pierre Bellanger n’a eu qu’à s’en féliciter.

    Lorsqu’en 1999 il faillit être débarqué par Morgan Grenfell qui entrait au capital, ce fut le Conseil supérieur de l’Audiovisuel lui-même qui exigea des repreneurs le maintien de l’équipe de direction « et en particulier de son président ». Cette protection, une parmi toutes, révèle le caractère factice des crises qui ont de temps en temps opposé Skyrock au CSA sur des points de « morale », de même que cette affaire montre combien cette radio appartient au système politico-culturel, qui veille sur elle avec soin.

    Martin Schwa

    Article extrait de Présent n° 7338
    du Vendredi 29 avril 2011

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