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Temple Sainte-Marie
Patrimoine<o:p></o:p>
La Visitation Sainte-Marie<o:p></o:p>
Présent du 23 août 08<o:p></o:p>
La façade du Temple Sainte-Marie (près de Bastille) vient de bénéficier d’un rafraîchissement. Le passant, par manque de recul, remarque à peine cet édifice qui, chapelle du premier en date des couvents parisiens des Visitandines, a de remarquable d’avoir eu François Mansart comme architecte et Monsieur Vincent comme desservant, puisqu’il était aumônier de cette communauté dont la supérieure était Jeanne de Chantal – pas moins. Les nièces de Mazarin furent élevés dans ce couvent, et plus d’une fois, raconte-t-on, versèrent leurs encriers dans les bénitiers.<o:p></o:p>
N.-D. des Anges, communément appelée Visitation Sainte-Marie, a été affectée en 1802 au culte protestant, devenant Temple Sainte-Marie. Le culte de l’Eglise Réformée de France y est célébré quatre fois le dimanche : selon le rite normal (j’allais dire « ordinaire »), en style afro-antillais, en japonais et en arabe. <o:p></o:p>
L’ex-diplomate Noël Brûlart de Sillery, de l’ordre de Malte, que Monsieur Vincent convainquit de mieux utiliser sa fortune et qui devint prêtre, finança la construction de la chapelle. Il posa la première pierre en octobre 1632 ; la dédicace eut lieu en septembre 1634, célébrée par Mgr Frémyot, frère de Mme de Chantal. Sillery fit travailler son maître maçon Michel Villedo et François Mansart, âgé de 35 ans, remarqué déjà pour la façade de l’église des Feuillants. Avec la Visitation Sainte-Marie, Mansart signait un chef-d’œuvre et montrait qu’il pouvait se tirer intelligemment de contraintes nombreuses. <o:p></o:p>
La chapelle devait en effet trouver sa place dans un tissu urbain dense et être adaptée au fonctionnement des bâtiments conventuels (d’où son orientation au sud). Il prit le parti de supprimer la nef et articula les volumes intérieurs de façon à donner l’impression d’un espace plus vaste : un cercle sur lequel se greffent le sanctuaire ovale et deux chapelles latérales en forme de haricot, surélevés par sept marches ; deux autres petites chapelles enfoncées sont aujourd’hui fermées. Le plan s’inspire certainement de la chapelle du château d’Anet par Philibert Delorme, certains penchent pour des modèles romains mais cela n’est pas prouvé. Rome devait exceller dans les combinaisons de cercles et d’ellipses, en un jeu savant et raffiné, mais plus tard, dans la seconde moitié du siècle. <o:p></o:p>
Sa coupole, par contre, la range aussi parmi les églises « romaines », elle vient chronologiquement après celle de Saint-Joseph des Carmes (1613-1620, aujourd’hui chapelle de l’Institut catholique) ; sa voisine Saint-Paul-Saint-Louis lui est contemporaine, 1627-1641 ; elle précède la Sorbonne, 1635-1643 ; le Val-de-Grâce, dessiné par Mansart en 1645.<o:p></o:p>
Extérieurement, on saisit bien deux volumes : l’avant-corps, qui est l’entrée proprement dite ; la rotonde couverte de ce beau dôme coiffé d’un lanternon, lui-même terminé par une petite coupole amortie par une flèche. Les ajouts modernes qui datent du percement de la rue Castex (1805) gênent la compréhension des parties basses en cachant deux chapelles. Les contreforts ont heureusement retrouvé leurs pots-à-feu, restitués d’après documents. La façade s’orne d’un petit portail à fronton triangulaire sur les rampants duquel siègent deux allégories : la Religion et la Charité. Elles sont de E.-E. Hiolle (1874) mais reprennent exactement les originaux qui figurent sur les élévations dessinées par Mansart. La rosace est décorée d’une tête d’ange et s’achève par un fronton en demi-cercle (cœur, draperies).<o:p></o:p>
A l’intérieur, les sculptures dues à Toussaint Chenu consistent essentiellement en têtes d’anges, feuillages, drapés, cartouches ; les pilastres, qui correspondent aux contreforts extérieurs, sont couronnés de chapiteaux corinthiens. Les fresques de la coupole (une Gloire) et celles du sanctuaire (une Assomption) ont disparu, tout comme les tableaux de François Perrier, de Claude Vignon et de Laurent de La Hire. L’autel majeur et les balustrades qui fermaient les chapelles et le sanctuaire manquent également. La lumière est essentiellement zénithale : par les ouvertures de la coupole, par un puits de lumière ovale au niveau du sanctuaire, surmonté d’une petite coupole visible depuis la rue Castex. Cependant l’obturation partielle ou totale de certaines ouvertures latérales fausse l’éclairage tel qu’il avait été conçu. Une autre modification change la perception que nous avons de l’espace : la chapelle ouest s’ouvrait sur le chœur des religieuses mais depuis la destruction des bâtiments conventuels et de ce chœur sous la Révolution cette chapelle est murée. <o:p></o:p>
Les révolutionnaires nécrocides ne se privèrent pas de violer les sépultures des religieuses et des personnes célèbres enterrées dans l’église et dans la crypte : Brûlart de Sillery (1640), Mgr Frémyot (1641), Sainte Jeanne de Chantal (1687), le marquis de Sévigné tué en duel en 1651 par le sieur d’Albret pour une histoire de maîtresse, Nicolas Fouquet (1680)… <o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Temple Sainte-Marie, 17 rue Saint-Antoine, Paris IVe.
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Tags : Mansart, architecture, temple Sainte-Marie
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