• Van Mieghem (Eugeen)

    A l'Institut néerlandais

    Eugeen Van Mieghem

    Présent 06/01/2007


     

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    Le dessinateur Eugeen Van Mieghem (1875-1930) a été à l'honneur cette année à New York (sur le thème des émigrants de la Red Star Line) et à Antwerp. L'Institut néerlandais propose aux Parisiens de découvrir cet artiste sur la thématique « Portraits de femmes ». La tentation est grande, pour définir un artiste relativement inconnu du grand public, de le comparer à d'autres qui constituent une référence évidente, aussi me pardonnera-t-on de sacrifier à cette coutume. Si, d'entrée, il est comparable à Forain ou Steinlen, il faut cependant nuancer cette appréciation. Car si l’angle « social réaliste » se retrouve chez Van Mieghem (mais quasiment pas dans les dessins présentés ici), la caricature n'est pas son domaine – même si une pointe de satire se laisse deviner parfois – et seule une petite eau-forte colorée représentant trois vicieux lorgnant une femme nue, sorte de Suzanne et les vieillards, appartient franchement au genre : le nu se détache sur le fond noir des vêtements, d'où sortent trois têtes grimaçantes ; c'est une scène qui m'a évoqué les séances de dessin de nu à la Grande Chaumière.

     

     

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    Maniant avec vigueur le crayon, la craie noire, la sanguine mais également le pastel, Van Mieghem a beaucoup croqué son épouse Augustine. C’est Augustine lisant le journal, ou Augustine bougonnant, et surtout son beau profil volontaire qu’on admire dans plusieurs dessins. Ce modèle remarquable devait être emporté par la tuberculose à 24 ans : certains croquis sont marqués par la cruauté du constat de la progression de la maladie (illustration). Parmi les pastels, Le long de l’Escaut, Augustine avec le petit Eugeen, indiquent assez combien l’artiste est au-delà du réalisme social qu’on lui prête trop systématiquement et exprime parfois une intimité tout à fait subjective. Augustine a posé pour de nombreux nus ; ils constituent la partie faible de l’œuvre, assez convenus qu’ils sont, or rien n’est plus attristant qu’un nu quelconque.

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    La mère de l’artiste a servi de sujet à quelques dessins ou pastels, et, si nous poursuivons les comparaisons, Spilliaert peut être nommé ici, car l’effet est étrangement hallucinatoire, fantomatique.<o:p></o:p>

    Qualité encore plus difficile à conserver qu’à atteindre, la matité des peintures à l’huile de Van Mieghem est particulièrement heureuse, que ce soit sur des supports qui la favorisent (papier, carton) ou sur toile. Ses peintures se distinguent également par leur ambiance. Comme signalé plus haut pour certains pastels, la tendance naturaliste des dessins cède le pas à une veine plus intérieure. Sur un fond riche, nourri, stationnent deux ou trois personnages. Deux élégantes au bord de l'Escaut est une peinture que mange un ciel aux merveilleux gris colorés ; dans un format plus petit, la toile Deux élégantes au centre ville joue de frottis suggestifs sur un fond de vert émeraude. Voilà un tableautin qu’on aimerait avoir chez soi pour le regarder souvent.<o:p></o:p>

    Les agoraphobes n'ont rien à craindre en allant voir cette exposition ; on y est pourtant fort bien reçu, et ce court passage de Van Mieghem à Paris mérite une visite.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Eugeen Van Mieghem et les femmes,

    Institut néerlandais, jusqu'au 21 janvier 2007

    légende de l’illustration : © Van Mieghem Museum, Antwerp<o:p></o:p>


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