• Victor Herculès

    VICTOR HERCULÈS<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>

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    Victor Hugo est le Johnny Hallyday du romantisme. Pourquoi un tel succès ? Il y avait une place à prendre comme chef de rayon, au rayon Épique. Les morts prématurées d’André Chénier et de Maurice de Guérin, de talents plus fins, plus aristocratiques, étaient une aubaine. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Hugo fut d’ailleurs royaliste mais, et c’est la seconde raison de son succès, il devint républicain, tellement il collait à son siècle. Il avait, de son siècle, l’épaisse couenne bourgeoise. Il écrivait des vers comme d’autres pèsent du bœuf haché :<o:p></o:p>

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    Ce siècle avait deux ans, Rome remplaçait Sparte,<o:p></o:p>

    Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.<o:p></o:p>

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    Cette fécondité, ou ce productivisme, mot qui convient bien à ce contemporain des débuts de l’ère industrielle, n’est pas pour rien dans l’admiration des foules pour cet homme : c’est ce qu’on a nommé l’aune bourgeoise de la quantité, l’adoration du nombre. Charles Péguy dira de Victor Hugo que « faire des mauvais vers lui était parfaitement égal, pourvu que tous les matins il fît, il eût son compte de vers. Il pensait qu’il valait mieux faire des mauvais vers que de ne pas en faire du tout. » (Notre Patrie) Ce qu’on reprochera à Hugo, ce n’est pas d’avoir écrit de mauvais vers (on voudrait bien en avoir écrit d’aussi mauvais), c’est de les avoir publiés. Parfois les épiciers vendent des produits périmés.<o:p></o:p>

    Il y a dans ses carnets intimes de beaux passages de grandiloquence relatés avec le plus grand sérieux. Il lance dans la foule quelques mots qu’il estime historiques et, le soir venu, les recueille pieusement dans un petit carnet à spirale. <o:p></o:p>

    « Chemin faisant, j’ai vu dans un bois un campement de soldats français, hommes et chevaux mêlés. Je leur ai crié « Vive l’armée ! » et j’ai pleuré. » <o:p></o:p>

    C’est, effectivement, à pleurer.<o:p></o:p>

    « En entrant, j’ai dit aux blessés : « - Vous voyez un envieux. Je ne désire plus rien sur la terre qu’une de vos blessures. Je vous salue, enfants de la France, fils préférés de la République, élus qui souffrez pour la patrie ! » Ils semblaient très émus. » <o:p></o:p>

    Ils devaient surtout souhaiter qu’on leur fiche la paix.<o:p></o:p>

    « On a renoncé à me demander l’autorisation de dire mes œuvres sur les théâtres. On les dit partout sans me demander la permission. On a raison. Ce que j’écris n’est pas à moi. Je suis une chose publique. » <o:p></o:p>

    Tel quel, sans sourciller.<o:p></o:p>

    « J’ai faim, j’ai froid. Tant mieux. Je souffre ce que souffre le peuple. »<o:p></o:p>

    Quel bon pair… courant à la députation, à l’Académie ! « Ce jour-là, où était la fierté de la Muse romantique ? Ce jour-là, l’homme qui s’est tant moqué des ailes de pigeon en a mis. » (Barbey d’Aurevilly) Oui, Victor Hugo avait du pigeon, cette manière de traîner dans les rues à faire le beau et y ramasser les femelles.

    Mais il y a un autre Hugo : dans les poèmes ayant trait à la mort de sa fille Léopoldine, Demain dès l’aube…, Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin…, et dans ses carnets quand il évoque la mort de ses fils Charles (mars 1871) et Victor (décembre 1873). L’accent est pudique et sincère, le ton attachant. Cet homme qui mourut si vieux, sur qui la mort semblait avoir si peu de prise, y était en réalité fort sensible et la redoutait. Il baissait la voix en sa présence et, du coup, chantait juste.<o:p></o:p>

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    Amédée SCHWA<o:p></o:p>


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