• Ziem (Félix)

    A la maison Fournaise<o:p></o:p>

    Ziem (1821-1911),

    une patte orientaliste<o:p></o:p>

    Présent du 6 septembre 08<o:p></o:p>

    Félix Ziem : un nom connu et, je pense, un peintre aimé de nos lecteurs de Martigues dont la municipalité ouvrit, de son vivant, un musée rien que pour lui (1908). Ziem s’y était installé en 1860 et y avait fait bâtir une demeure fantasques à coupoles et minarets, et le soleil, en découpant un profil, en ombrant un hémisphère, lui rappelait des contrées appréciées. Avec une maison à Barbizon, un atelier à Montmartre et une villa à Nice, le  patrimoine foncier de l’artiste témoigne du succès de son œuvre ; outre ce musée anthume, il bénéficia également d’une rue dans le XVIIIe arrondissement, et fut nommé peintre officiel de la Marine (1901).<o:p></o:p>

    Né à Beaune d’une mère bourguignonne et d’un père polonais originaire de Prusse, Ziem s’accordait, côté paternel, de plus lointaines ascendances arméniennes, assertion jamais débrouillée : fondée ? facétieuse, façon blague d’atelier ? légendaire, destinée à enjoliver son étiquette orientaliste auprès des collectionneurs ?<o:p></o:p>

    Quoi qu’il en soit, après un apprentissage du dessin à Dijon, après être entré aux Beaux-Arts de Paris (section architecture) et en être sorti rapidement, exclu on ne sait pourquoi, il arriva  à Marseille où l’attendaient son frère, la lumière méditerranéenne et un emploi dans la construction du canal, par lequel il fit  la connaissance du duc d’Orléans Ferdinand-Philippe venu visiter les travaux. Connaisseur qui soutint également  Delacroix, Ingres, Meissonnier et bien d’autres, le duc fut le premier des nombreux mécènes de la haute que Ziem sut s’attacher et qui assirent solidement sa position.<o:p></o:p>

    Félix Ziem appartint au courant paysagiste (il apprit auprès d’Eugène Isabey, de Jules Dupré) mais ne se limita pas à Barbizon ou au voyage d’Italie : il fut aussi et surtout orientaliste. Sa forêt de Fontainebleau, ce fut le pourtour méditerranéen. La Côte d’Azur, Venise, Constantinople, Rhodes, Beyrouth, Le Caire, Alger… Il y est, il en revient, il y retourne, entre deux voyages il peint dans son atelier parisien les grandes toiles destinées au sacro-saint Salon. Ses vues de Constantinople ou de Venise seront l’article le plus demandé, toujours il le fournira, avec une complaisance qu’il faut reconnaître coupable. La critique pourtant bien disposée à son égard finira par se lasser de compositions répétitives, horizon bas, premier plan aquatique avec bateaux, morceau d’architecture à droite ou à gauche. A la fin de sa vie, il peignit une commande d’Etat, La visite du Président Loubet aux escadres italienne et française dans la rade de Toulon… La manière en est plus légère que ce titre ronflant. Mais ne pensait-il pas, en y travaillant, à ces myriades de pochades, d’études, qu’il a laissées, qui font notre joie aujourd’hui alors que ses toiles salonardes déçoivent par le vide, perceptible sous le brillant ?<o:p></o:p>

    De l’esquisse à l’huile sur papier représentant un marché près d’Alger, à la toile définitive via un agrandissement en grisaille, quelle perte : les couleurs sont au final désaccordées, le ciel bleu pétard jure. Telles fausses notes existent déjà chez Courbet quand il s’essaye, consciemment ou non, à la manière naissante de l’impressionniste, mais ni lui ni Ziem n’y parvinrent, question de génération. Même saut qualitatif (vers le bas) entre un clair de lune sur le Grand Canal (huile sur papier) et sa version sur toile où l’effet est dilué, la touche inappropriée au format. <o:p></o:p>

    Cette manie de la grande toile, seul support jugé noble, rappelle l’obsession de la forme symphonique à la même époque, qui fit tomber en désuétude et mépriser les suites de pièces courtes telles que les avaient conçues les clavecinistes et que se réapproprièrent des compositeurs hors-normes (tel qu’Erik Satie, Sports et Divertissements). L’amour de l’œuvre imposante fut une des stupidités du XIXe siècle. Maupassant estimait ses romans plus que ses nouvelles. Mais vraiment on a du mal à imaginer Ziem préférer, en son for intérieur, ses toiles à ses pochades. <o:p></o:p>

    Sombré aujourd’hui, il mérite en raison même de ces pochades, notre attention et notre estime. Les lumières, qu’elles soient de contraste ou de fonte, sont splendides. Un bout de papier, un couvercle de boîte à cigares, et c’est le Fort Saint-Jean, un coucher de soleil sur l’étang de Berre ou sur Damanhour, une rue d’Alger creusée d’ombres, une vue de la longiligne Venise, paysage où il ajoute le Bucentaure (illustration). Les connaisseurs apprécieront la fidélité avec laquelle le peintre restitue caïques, tartanes, trabaccoli, trois-mâts.<o:p></o:p>

    Aussi l’exposition Ziem à Chatou est-elle une opportunité à ne pas manquer. <o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Félix Ziem, Orientaliste ou Impressionniste ? <o:p></o:p>

    jusqu’au 30 novembre 2008, Musée Fournaise, Chatou (Yvelines). <o:p></o:p>

    illustration : Venise, Grand Canal avec Bucentaure, huile sur bois, 60 x <st1:metricconverter productid="58 cm" style="font-style: italic;">58 cm</st1:metricconverter><o:p></o:p>


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