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Abysses
Au Muséum d’Histoire naturelle<o:p></o:p>
Créatures & bestioles des abysses<o:p></o:p>
Présent du 29 décembre 07<o:p></o:p>
« Et Léviathan, le pêches-tu à l’hameçon ? Avec une corde comprimes-tu sa langue ?... Quand il se dresse, les flots prennent peur et les vagues de la mer se retirent. » Léviathan, monstre du Chaos primitif survivant dans la mer, est assimilé dans le livre de Job, par une sorte de naturalisme ou d’évhémérisme, à un formidable crocodile. Le texte grec ne donne pas son nom mais l’appelle drakôn, ce qui le décrit, bête tout à la fois dragon, poisson et serpent. Or les scientifiques remontent des profondeurs des bêtes qui sont cela peu ou prou.<o:p></o:p>
L’exploration des grands fonds est à peine plus ancienne que celle de l’espace. Entre eux sont des similitudes, à commencer par l’hostilité du milieu. Auguste Piccard – un modèle possible du Pr Tournesol – s’est attaqué aux deux. En 1932 il est monté en ballon à 16200 mètres, exploit à la Hans Pfaal ; en 1948 il a expérimenté le premier bathyscaphe qui évoluait sans être relié par un câble à un bateau et est descendu à 10916 mètres, record inégalé. Que les Russes aient baptisé leur bathyscaphe Mir n’est pas un hasard, et qu’en août dernier ils aient planté leur drapeau à la verticale du pôle Nord par 4261 mètres de fond, non plus.<o:p></o:p>
La science de la faune des profondeurs commença en 1872, quand Sir Ch. Wyville Thomson dragua à 5200 mètres et remonta plus de 4000 espèces, démontrant que la théorie selon laquelle la vie au-delà de -600 mètres serait impossible était fausse, et donnant raison à Jules Verne qui avait publié en 1869 Vingt mille lieues sous les mers, où sont décrits entre autres des calamars géants.<o:p></o:p>
Dans sa hâte à fouler les fonds marins (l’espace benthique), l’homme dédaigna l’entre-deux-eaux angoissant (l’espace pélagique), objet d’études depuis les années 1980 seulement. Y évoluent des créatures gélatineuses de toutes tailles et transparentes, comme la Cystisoma ou le Calamar à yeux globuleux qui figure sur l’affiche. Dans cette zone, le peu de lumière qui parvient encore vous dénonce à vos ennemis, aussi la transparence est-elle le meilleur des camouflages. Plus bas, quand l’obscurité est totale, le rouge est de rigueur car, pour une question de longueur d’ondes, cette couleur est imperceptible dans l’eau. De nombreux animaux sont équipés de loupiottes. Cette bioluminescence a des aspects pratiques mais attire les prédateurs ; certains lâchent des leurres lumineux.<o:p></o:p>
Les bêtes des profondeurs ne survivent pas sorties de leur milieu. Les conserver dans l’alcool les abîmerait rapidement. Les taxidermistes du Muséum ont mis au point une méthode adaptée (à base de formol et de résine), qui permet de présenter de nombreux spécimens magnifiquement naturalisés. Films, photographies et animaux naturalisés constituent un ensemble remarquable qui passionnera grands et petits.<o:p></o:p>
Le Sagre commun est une manière de requin de voyage, l’Isopode géant un acarien de la taille d’un rat adulte. L’Empereur a une peau transparente qui laisse deviner une structure alvéolée. Ne cherchez pas la tête ou l’abdomen de cette araignée, elle n’est qu’une tuyauterie, une plomberie de trente centimètres d’empan. <o:p></o:p>
Au rayon des bizarreries, la Grande Rouge, méduse d’un mètre de diamètre, a entre quatre et sept bras ; le Calamar Bijou a un œil gauche hypertrophié tourné vers le haut, un œil droit petit et enfoncé. Il eût intéressé Roger Caillois qui, dans un essai sur la dissymétrie (id est, la symétrie dépassée), a étudié quelques animaux notoirement différenciés.<o:p></o:p>
Parmi les êtres qui pourraient peupler vos cauchemars, on relève la présence du Vampire des Abysses, mi-pieuvre, mi-calamar, et du Diable noir qui n’est qu’une bouche dentée, effrayante mais ridicule aussi. <o:p></o:p>
Je n’en dirais pas autant du Rhinochimère, indescriptible composé comme son nom l’indique. Les sculpteurs romans qui ont imaginé tant de monstres ou diables chimériques seraient bien aises de voir que leurs créations n’étaient pas si déraisonnables, et ils auraient trouvés dans d’autres animaux comme la Chondrocladia, construction purement géométrique, des motifs ornementaux. La vie foisonnante, exubérante, des chapiteaux a des analogies avec cette diversité abyssale. Une vie qui se développe même dans des milieux a priori hostiles si on s’en tient aux mécanismes chimiques ordinaires. A divers endroits la croûte terrestre immergée dégage des gaz toxiques, brûlants, comme par exemple dans la dorsale des Galapagos à -2500 mètres. Il se trouve qu’une bactérie y œuvre à transformer en matière organique le méthane et le sulfure d’hydrogène, d’où une abondance de mutants de crabes et de crevettes... De quoi composer un surprenant plateau de fruits de mer pour votre Saint-Sylvestre. <o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Abysses, jusqu’au 8 mai 2008, <o:p></o:p>
Muséum national d’Histoire naturelle, Galerie de Géologie et de Minéralogie.<o:p></o:p>
Tags : animal, abysses
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Commentaires
2visiteur_deborahJeudi 13 Mars 2008 à 14:00quel est la temperature du corp du calamr bijou
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