• Brianchon (Maurice)

    A la galerie Art France<o:p></o:p>

    Maurice Brianchon,

    sa couleur

    et ses brioches<o:p></o:p>

    Présent du 26 janvier 08<o:p></o:p>

    A l’occasion de la sortie du catalogue de l’œuvre peint de Maurice Brianchon (1899-1979), la galerie Art France nous invite à découvrir un de ces peintres qui ont défendu avec modestie et talent l’art figuratif au cours du vingtième siècle. Brianchon appartient au groupe dit « de la Réalité poétique », groupe informel d’une dizaine d’artistes parmi lesquels R. Oudot, R. Legueult, K. Terechkovitch, plus ou moins issus de l’Ecole de Paris.<o:p></o:p>

    L’appellation « Réalité poétique » fut donnée par une critique d’art en 1949 ; elle fut acceptée par le groupe et s’applique rétroactivement à leur production de l’entre-deux-guerres. Elle exprime avec justesse le figuratif non naturaliste d’une peinture essentiellement contemplative, dénuée de la manie moderne des concepts. <o:p></o:p>

    Maurice Brianchon s’est formé à l’Ecole des Arts décoratifs de Paris. Il y eut comme professeur Eugène Morand, le père de l’écrivain. Une part importante de son activité a consisté en décors et costumes pour des ballets, des opéras. Ami proche de Francis Poulenc, il a ainsi travaillé pour ses créations : Les animaux modèles (1942) ; Aubade (1952) ; Intermezzo, pièce de J. Giraudoux, dont la musique est de Poulenc. J.-L. Barrault et M. Renaud ont souvent fait appel à lui également.<o:p></o:p>

    Dans la même veine décorative des arts appliqués, il a dessiné des cartons de tapisseries pour Aubusson et les Gobelins (pendant l’Occupation) ; a illustré, par exemple, le Théâtre complet d’André Gide (après guerre).<o:p></o:p>

    Nommé professeur à l’Ecole Estienne en 1936, puis aux Beaux-Arts de Paris en 1949, son influence, comme maître ou tout simplement comme peintre, est décelable chez divers artistes comme Andry, René Genis ou François Baron-Renouard qui choisit, lui, la voie non-figurative.<o:p></o:p>

    Coloriste à l’extrême chez qui se sent l’apport de Matisse, Maurice Brianchon s’exprime par une combinaison de tons pastels, de tons sourds et de tons acides ; soit de la douceur, du silence et la pincée de sel qui permet à l’ensemble de se maintenir hors du mièvre et du triste. Nous parlions, il y a quinze jours, des gris colorés : il y en a de fort justes dans les toiles de Brianchon. La Nature morte au figuier et au fond noir explore quant à elle les noirs colorés : l’un regorge de vert émeraude, un autre sent le carmin. Van Gogh dénombrait dans je ne sais plus quelle toile de je ne sais plus quel peintre (pardonnez cette désinvolture) plus de trente noirs différents – bienvenue dans le monde magique de la couleur.<o:p></o:p>

    Il s’est écarté de ces tons dans certains paysages : Les bois de l’Euche, Vue de l’atelier de Truffière, où les verts ont délibérément moins de subtilité. Ils tendent au vert dit salade par commodité de langage offensante pour les salades. Plus sympathiques sont les pochades peintes autour de la gare de Passy-La Muette, la nuit, ou sous la neige.<o:p></o:p>

    Autre trait matissien : le rythme, dans une nature morte ou un tableau, donné par le motif ornant un torchon, un rideau : bandes, quadrillages, etc., ou découpe de feuillages comme dans le Nu assis. Pas de portraits à proprement parler, mais des figures : Le modèle, Figures de femmes sur la plage. Femmes à la tête légèrement penchée, perdues dans leurs pensées.<o:p></o:p>

    Certaines natures mortes sont détaillées, complexes (Nature morte au lierre et au miroir), d’autres tendent à une grande simplification (Nature morte aux cerises). Crainte moderne de l’anecdotique, du descriptif ? Maurice Brianchon a aimé les fleurs, il en a peint beaucoup ; ici il faut se contenter d’un bouquet de marguerites, quelques autres auraient été les bienvenues. <o:p></o:p>

    Je pense qu’il a aimé aussi les brioches, car il en a peint au moins par deux fois (illustration). Vous me direz qu’il hérite d’un thème traité par Chardin (1763) et par Manet (1870). Mais je crois qu’il les a vraiment aimées, au moins autant que les femmes et les fleurs, à la manière dont il les a peintes. Elles sont charnelles, ces brioches, dorées où il faut, moelleuse où il convient, rebondies, la tête de travers éventuellement, qu’on a envie d’arracher d’un coup de dents. Elles sont deux, l’une dont une part a été trop sagement découpée au couteau ; ou six dans une assiette, attendant leur heure. On a envie de brioche, face à ces toiles, comme face au tableau de Chardin ; et seule la crainte d’être déçu par une brioche quelque peu sèche retient de filer chez le boulanger le plus proche, ou peut-être est-ce la peinture qui est elle-même nutritive, comme dans la nouvelle de Marcel Aymé La bonne peinture ? Car celle de Maurice Brianchon est en effet de la très bonne peinture.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Brianchon (1899-1979), jusqu’au 16 février, <o:p></o:p>

    Art France, 36, avenue Matignon, Paris VIIIe.<o:p></o:p>

    illustration : Nature morte à la brioche, 1954.<o:p></o:p>


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  • Commentaires

    1
    re
    Lundi 24 Octobre 2011 à 06:27
    It's well known that cash makes us free. But what to do if someone has no money? The one way only is to get the personal loans or car loan.
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