• Delacroix

    E. Delacroix, Cheval sauvage terrassé par un tigre, 1828 © Coll. Karen B. Cohen, NY

    Au musée Delacroix
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    Hommage à Delacroix<o:p></o:p>

    Présent  du 23 janvier 2010<o:p></o:p>

    En février 1864, six mois après la mort de Delacroix, eut lieu la vente du fonds d’atelier à l’hôtel Drouot. Ce fut une bousculade, décrite et regrettée par Théophile Silvestre, alors que Paris n’avait « pas même su faire à Eugène Delacroix les obsèques royales qu’Anvers, la ville des marchands, fit à Rubens. » Croquis et esquisses à foison furent révélés à la gent artistique et critique, aux connaisseurs – et méconnaisseurs. Découvrant telle copie ou tel dessin d’après Raphaël, mètre étalon du « classicisme » d’alors, les contempteurs de Delacroix admirent que le maître de l’école romantique savait dessiner, capacité qu’ils lui avaient déniée tant que, sous leurs yeux emplis de je ne sais quelle chassie, la mort n’avait mis ce laissez-passer. La mise au jour de dessins inattendus, Baudelaire l’avait annoncée dans l’article écrit au lendemain de la mort du peintre ; mais comment eussent-ils pu lire le critique poète, ceux-là qui n’avaient rien su voir dans l’œuvre du peintre ?<o:p></o:p>

    La collection constituée par Karen B. Cohen, accueillie cet hiver par le musée Delacroix, est marquée presque entièrement du cachet dont furent frappés les milliers de pièces vendues lors des enchères posthumes. Elle comporte donc peu de tableaux, mais des notes de travail, des études. Destinée à prendre place au sein du Metropolitan Museum of Art (New York), elle palliera, par son étendue et sa diversité (tous les aspects du talent du peintre sont présents), la relative pauvreté des musées américains en Delacroix. Cette lacune tient au temps qu’ont mis les Etats-Unis à accepter le peintre – préférant Courbet, Millet… –, et au fait que le Louvre a très tôt acquis la part la plus significative de l’œuvre peint.<o:p></o:p>

    Tout au long de sa vie, Delacroix étudie humblement les maîtres. Il dessine d’après Rubens, Véronèse et, nous le disions, d’après Raphaël : un combat d’hommes nus, à la plume, d’une qualité de trait remarquable. Il dut entrer de la jalousie dans la réaction des sectateurs du maître italien qu’ils ne faisaient que singer, lorsqu’ils s’aperçurent que Delacroix le comprenait supérieurement. <o:p></o:p>

    De Poussin, il dessine le groupe du Christ, des apôtres et de l’aveugle de Jéricho, qu’ensuite il place dans un paysage marocain. Une des dernières toiles, inachevée. Deux tableaux de chevalet préparent Le Christ au jardin des Oliviers (Saint-Paul-Saint-Louis) et La lutte de Jacob avec l’ange (Saint-Sulpice). Eduqué à la sceptique, Delacroix a souvent traité les thèmes religieux par l’extérieur, les abordant par le sentiment de la douleur trop exclusivement humaine – la sienne. A Saint-Sulpice, il se dépouille du dolorisme et peint ses maîtresses toiles religieuses sous le signe du combat : cette lutte de Jacob, et Héliodore chassé du temple. Loin de l’image douceâtre des angelots, il ose donner corps à la violence angélique.<o:p></o:p>

    Une violence qui, comme la douleur, était la sienne ; qu’il a au quotidien utilisée comme énergie et exprimée par des combats d’animaux, une obsession de son imagination. La bête et sa proie, à l’instant culminant de la férocité. Celle-ci exclut le titre « Fable de la Fontaine » qu’on pourrait donner par exemple aux tableaux du Louvre : le cheval et le lion ; le lion et le lapin ; le lion et le caïman ; le lion et le sanglier. On connaît un Cheval terrassé par une panthère, on admire ici Un cheval sauvage terrassé par un tigre (illustration). Le rapport de forces entre les bêtes est une opposition entre leurs formes et un rapport de couleurs : imaginez, à partir de la reproduction ci-dessus, le cheval brun que surmonte le formidable tigre aux yeux jaunes, au pelage rendu encore plus flamboyant par l’extrême tension musculaire.<o:p></o:p>

    Fidèles illustrations tirées des auteurs ou imprégnées de l’atmosphère d’un roman, d’un poème ; aquarelles et croquis rapportés du voyage au Maroc, la collection Cohen ne laisse rien de côté, de même qu’elle compte quelques études de détails ou de compositions qui concernent les peintures murales (la bibliothèque du Palais de Luxembourg, le Salon du roi du Palais Bourbon ; – en incendiant l’Hôtel de Ville où un salon avait été peint par Delacroix et l’autre par Ingres, la Commune a rendu service à ce dernier). <o:p></o:p>

    Baudelaire n’avait pas attendu 1863 pour défendre l’homme et l’œuvre, et montrer « de quelle spécialité la Providence avait chargé Eugène Delacroix dans le développement historique de la Peinture. » Il en avait profondément analysé le talent dans ses Salons de 1845, 1846, 1855, et concluait : « Ce qui marque le plus visiblement le style de Delacroix, c’est la concision et une espèce d’intensité sans ostentation, résultat habituel de la concentration de toutes les forces spirituelles vers un point donné. »<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Une passion pour Delacroix, la collection Karen B. Cohen

    Jusqu’au 5 avril 2010, Musée Delacroix (Paris VIe). <o:p></o:p>

    Voir également:


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