• Un baptême républicain, ça vous parle? ça vous dit? Avec un maire analphabète, une marraine communiste et un parrain prêtre?



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  • Au Petit Palais

    Sargent et Sorolla<o:p></o:p>

    Présent du 10 mars 2007<o:p></o:p>

     

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    Quand tant de peintres ont vécu obscurs pour n’être découverts qu’après leur mort, Sargent et Sorolla, eux, ont reçu les honneurs de leur époque puis sombré dans un relatif oubli. De quoi nourrir une méditation sur la vanité ou écrire un apologue sur les variations de Fortune… L’accrochage, au Petit Palais, de leurs toiles majeures permet de mesurer ce qui, quatre-vingts ans après leur mort, n’appartient qu’à une époque et ce qui parle encore à la nôtre.<o:p></o:p>

    Alors que beaucoup de tableaux sont identifiés sans faille, il arrive de croire de l’un un tableau qui est de l’autre. Qu’ils arrivent ainsi à la même peinture tout en étant issus chacun d’un milieu social différent est un coup supplémentaire porté à la théorie de Sainte-Beuve. John Singer Sargent (1856-1925) appartient à une riche famille américaine installée en Europe ; Joaquin Sorolla (1863-1923) est issu d’une modeste famille espagnole.<o:p></o:p>

    Le premier, après un passage dans l’atelier de Carolus Duran de 1874 à 1878 qui le mit au contact des Impressionnistes et de Manet, trouva vite sa voie dans le portrait mondain : la haute société britannique et nord-américaine lui remit le soin de représenter ses plus respectables têtes, comme celle de Rockfeller, Théodore Roosevelt, Stevenson, Henry James… En 1914, il deviendra artiste de guerre officiel. <o:p></o:p>

    Le second étudie l’art en Espagne ; il s’intéresse aux activités du peuple, faisant sienne la veine naturaliste. Il obtient en 1900 le Grand prix de l’exposition universelle, et expose de manière internationale à Paris, Londres, en Allemagne, aux Etats-Unis.<o:p></o:p>

    La peinture sociale et naturaliste de Sorolla des années 1890, avec ces retours de pêche, les prostituées voyageant en train, les journaliers transportant du raisin, ne présente rien d’extraordinaire. Radicalement différentes, beaucoup plus personnelles sont les toiles de la mer et du soleil vingt ans plus tard, aux harmonies en rose, bleu, blanc ; mais jamais exactement le même rose, ni le même bleu, et quant au blanc, il se nuance et se colore avec à-propos. Alors que tous les éléments sont réunis pour que le mièvre l’emporte, puisque pour une part ce sont des peintures du bonheur familial, ses filles ayant servi de modèles, et que ces harmonies pourraient virer au douceâtre, la force l’emporte. Force de la touche vive, force des poses plastiques désormais et non plus naturalistes, force de la composition qui est moderne, osée, presque monumentale. On n’en est que plus surpris de constater que pour la décoration murale de l’Hispanic Society de New York, il tombe dans une composition brouillonne et chargée. Le sujet (Les provinces espagnoles) est sans doute pour beaucoup dans cette confusion.<o:p></o:p>

    Sargent, lui, s’en sort beaucoup mieux lorsqu’il doit effectuer la décoration de la Boston Public Librairy : ses études préparatoires, sur un sujet formulé de manière aussi rebutante que « Le triomphe de la religion », sont remarquables, tant les fusains que les huiles. Il se débarrasse alors de l’habituelle maigreur de sa touche, qui est sa limite. Comparons Mes enfants, de Sorolla et La famille Sitwell, de Sargent : l’harmonie est la même mais de la toile de Sorolla émane une puissance et une générosité que la gracilité de Sargent ne peut atteindre.<o:p></o:p>

    Côté portraits, Sorolla encore, selon moi, dépasse Sargent. Sargent réalisait des commandes, et cela se sent. Sorolla peignait ses proches : son portrait de Ramon Perez de Ayula (1920), ou de Maria convalescente (dont la composition est fort originale) sont de grandes réussites, des victoires de l’intime sur le mondain.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Peintres de la lumière, Sargent et Sorolla, jusqu’au 13 mai 2007,

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    Petit Palais, M° Champs-Elysées Clemenceau,

     

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    illustration : Après le bain © Musée Sorolla, Madrid<o:p></o:p>


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  • Au Palais de Tokyo

    Un talent sur<o:p></o:p>

    Présent du 3 mars 2007

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    Evénement collectif, Nouvelles du monde renversé se veut « forme d’inversion » et « basculement du réel ». David Ancelin propose par exemple « une installation rurale d’intérieure », à savoir un motoculteur labourant un sol de tommettes ; Marcel Aymé a déjà ridiculisé ce genre de prétention, voyez Le Minotaure, pièce de 1967. Les sculptures de Tatiana Trouvé sont « une injonction paradoxale qui plonge le sujet en situation de blocage mentale, voire physique » ; volonté ambitieuse de suggestion, qui prête aux œuvres un pouvoir hypnotique qu’elles n’ont pas. Ces annonces de renversement du monde ressemblent fort à des annonces de foire, bien qu’un baraquement, à première vue, paraisse contenir un phénomène extraordinaire qui a nom Michel Blazy. Car il est écrit : « Nous prions les personnes sensibles aux allergies alimentaires d’être attentives aux éventuels problèmes que pourraient leur poser les œuvres de l’exposition. » Mise en garde rare, mise en garde nécessaire, vu qu’il flotte dans le hall occupé par les installations de Michel Blazy une odeur sure. Quelle forme d’art pratique-t-il donc, pour atteindre à la synesthésie ?

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    Son matériau est « la prolifération incontrôlée de micro-organismes… » Concrètement, sont exposées Collection d’avocats, Ecorces d’orange (photo), Boules de carottes ; il enduit les murs avec de la purée de pommes de terre et de betteraves (Cerveau pommes de terre), de purée de carottes (Sans titre), etc. Tout est dans la moisissure qui peu à peu transforme le menu. C’est le concept, développé en ces termes : « Germinations souhaitées ou accidentelles, dessiccations et altérations des matières, moisissures et pourrissements microscopiques, dégradations des surfaces, dégénérescences, transmutations, décrépitudes des formes, toutes ces énergies fébriles du vivant sont revendiquées par l’artiste comme autant d’opérations essentielles à l’élaboration de l’œuvre. »<o:p></o:p>

    Mais l’idée de la vie sortant de la pourriture même est-elle si renversante ? Une épitaphe du XVIIe l’exprime, dans un latin disgracieux : « La semence au fond de la terre pourrit intérieurement ; mais souviens-toi qu’elle rassemble les forces des morts par cette putréfaction ; par la suite, rompant la terre, les projetant dehors, elle dresse les blés verdoyants ; enfin elle croît avec une chevelure dorée, fournissant aux mortels, à suffisance, les aliments issus des tombeaux. » Gageons qu’on retrouverait l’idée dans d’autres épitaphes, car c’est un genre qui tourne sur un nombre de formules limité, ainsi que chez les Païens ou les Pères de l’Eglise, car elle convient à une méditation sur l’aspect cyclique de la vie ou la succession des générations. Elle est au fond assez banale ; et remarquons que le raccourci « les aliments issus du tombeau » est plus frappant que la laborieuse exégèse que Michel Blazy occasionne ou a lui-même écrit ; que les mots sont plus abruptes que le pourrissement. Michel Blazy ne peut même pas défendre la force du procédé qu’il a employé pour exprimer un lieu commun.<o:p></o:p>

    Peut-il en vanter l’originalité ? J’ai obtenu par le passé, dans ma cuisine de célibataire, des résultats de pourrissement à partir d’une salade de fruits abandonnée ou de cuisses de poulet oubliées ; ce qui s’obtient est invariablement, au bout du compte, une masse cotonneuse, filandreuse, gagnant en volume. Utiliser le pourrissement comme technique équivaut à produire toujours la même œuvre, en terme de métier on appelle cela la routine.<o:p></o:p>

    Nouvelles du monde renversé… ou de l’académisme contemporain ? Exprimer un lieu commun sous une forme faible et routinière n’est pas renverser le monde, mais le laisser dans sa médiocrité, et y contribuer.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Nouvelles du monde renversé,<o:p></o:p>

    jusqu’au 6 mai 2007,<o:p></o:p>

    Palais de Tokyo, M° Iéna<o:p></o:p>

    illustration : Michel Blazy, Ecorces d’oranges<o:p></o:p>


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  • Réouverture du Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>

    Présent du 3 mars 2007

    La collection de François et Jacqueline Sommer, installée depuis 1967 dans l’hôtel de Guénégaud (milieu du XVIIe), s’était exilée au château de Chambord durant les travaux provoqués par l’achat de l’hôtel connexe, dit de Mogelas. Outre qu’il fallait rénover cet hôtel, qui comme tous ceux du Marais avait au fil des siècles souffert d’aménagements et de modifications dommageables à son intégrité architecturale, son adjonction aux bâtiments de Guénégaud entraînait une refonte de la muséographie (comme on dit). La collection a retrouvé Paris ; le musée a rouvert après deux ans de travaux.<o:p></o:p>

    La volonté des fondateurs a été respectée : ce n’est pas l’aspect musée qui domine mais l’ambiance « intérieur privé ». On nous veut en visite, sympathique disposition mais s’asseoir sur les sièges reste interdit, et globalement la disposition est très chargée. Autre effet, les cartels sont réduits au minimum voire inexistants. Cependant l’impression négative disparaît vite au profit de l’intérêt de tant d’objets et d’œuvres.<o:p></o:p>

    La collection est distribuée d’une manière presque totémique : salle du Sanglier, salle du Loup et du Cerf, salle du Cheval, etc. ; en général, tapisseries, armes, œuvres, entourent l’animal empaillé. Les fusils de chasse de Napoléon III côtoient des armes plus exotiques comme un tromblon indien ou une arquebuse japonaise à quatre coups (toutes deux du XVIIIe), qui semblent, par leur désignation comme par leur allure, sorties d’une nouvelle de Jacques Perret.<o:p></o:p>

    Le musée possède deux petits Rubens dont le sujet mythologique, Diane, est prétexte à un déploiement de chiens de chasse. Mais seuls les figures sont de Rubens, les chiens et le paysage sont de Brueghel de Velours. Les études de Pieter Boel (1622-1674) pour les tapisseries des Gobelins restent d’une grande fraîcheur. Leur réalisation sur le vif à la ménagerie de Versailles y est sûrement pour quelque chose. Il ouvrit la voie à Oudry et Desportes. Le naturalisme de ce dernier (François Desportes vécut de 1661 à 1743), tempéré par un sens artistique et poétique très sûr, fait de ses études et tableaux des morceaux agréables et variés. Son influence se ressent sur un jeune Chardin (1699-1779), mais celui-ci alla plus loin dans l’attention contemplative portée à la fois au réel et à la touche : la Nature morte au canard et à la bigarade (illustration) s’impose sans mal face à d’ambitieuses scènes de chasse dont la banalité et la prétention lassent rapidement.<o:p></o:p>

    Les sculptures, en petit nombre, constituent un échantillon du meilleur de l’animalier : bronzes de Barye pour le XIXe, plâtres de Marcel Lemar pour le XXe, les deux lapins de Pompon… La dévotion aux saints a, de son côté, été l’occasion de représenter des animaux, la piété populaire ayant attribué un animal « de compagnie » à beaucoup de saints. La Vision de Saint Hubert (pierre avec traces de polychromie, du XVIe champenois), est un groupe plein de fraîcheur où figurent le cheval, le cerf et les chiens.<o:p></o:p>

    La nouvelle présentation mettant en avant la relation homme/animal, l’inévitable erreur de parcours se situe au deuxième étage, où une œuvre contemporaine « Atlas d’une cosmogonie » se dresse sous forme de triptyque derrière une table dressée à l’attention des singes par l’artiste, P. Van Caeckenbergh : délicate pensée pour nos cousins à qui, est-il précisé, les chercheurs reconnaissent « un embryon de culture ». Je n’ai aucune gêne à accorder un « embryon de culture » à des animaux aussi sympathiques que les singes ; et, au fond, la culture de nos contemporains étant de plus en plus embryonnaire, le rapprochement n’est peut-être pas si incongru.<o:p></o:p>

    Le musée se prête à des visites en famille : les enfants trouveront matière à satisfaire leur curiosité pour le monde animal et peut-être, par ce biais, certains acquerront-ils aussi le goût de l’art. Une chance pour eux de ne pas, dans vingt ans, se retrouver à table avec des singes…<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>

    62 rue des Archives, Paris IVe<o:p></o:p>

    illustration : Chardin © Musée de la Chasse et de la Nature<o:p></o:p>


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  • CHOSES LUES

    Logique. -

    Dans Métro du 26 janvier: «Pourquoi ne peut-on pas voir de pingouin au pôle Sud? De la même façon, il n’existe pas de manchot au pôle Nord. C’est en effet de deux animaux différents dont il s’agit: les pingouins, qui sont de la famille des sphéniscidés, peuvent voler. Ils ne vivent que dans l’hémisphère Nord, alors que les manchots, de la famille des alcidés, qui ne peuvent voler, vivent uniquement dans l’hémisphère Sud.» Pour la même raison sans doute, il n’y a pas d’autruches au pôle Nord. Mais alors pourquoi n’en trouve-t-on pas non plus au pôle Sud?

    Anagogique. -

    Le coup de cœur de Yann Arthus-Bertrand dans Le journal du conseil régional d’ïle-de-France n°9 (février 2007): «J’ai récemment survolé Clichy-sous-Bois avec son maire qui découvrait d’en haut sa ville, transformée par son regard et sa façon de parler avec amour des habitants. C’était très émouvant.» Prudents, le maire et le photographe! Ils ne voulaient pas éprouver ce que, dans le même numéro, l’écrivain Fr. Taillandier appelle pudiquement «Paradoxe culturel»: «Comment se fait-il que ces différences, ces identités si heureusement ressenties quand elles sont exprimées par les artistes, soient parfois perçues comme un problème lorsqu’elles surgissent dans nos quartiers? [...] Et si la culture nous montrait la voie? Si l’Île-de-France était le laboratoire d’une nouvelle mondialité?»

     

    CHOSES SUES

    Archétypal. - Conférence lors d’un séminaire de psychanalyse: «L’inachevé en déconstruction». Inversez: Le déconstruit en inachèvement sonne tout aussi bien.

    Migratoire. - Le Ministère de la C. & de la C. lance, du 10 au 20 mars, la Semaine de la langue française sur le thème: «Les mots migrateurs». Mais inventorier les mots suivant leur origine, n’est-ce pas, déjà, de la discrimination? Les organisateurs n’ont pas dû se poser la question, qui, larges de la bourde, mettent en tête le mot abricot... «qui vient de l’arabe». Pour être plus complets que le Ministère, précisons le cheminement réel du mot, plus intéressant encore puisque l’arabe (al-barquq) l’a emprunté au grec (praekokion), qui lui-même l’avait pris au latin (praecoqua = fruits précoces).

    Respectueux. - Le président de Gambie soigne lui-même ses électeurs atteints du sida, d’après une dépêche AP. Yahia Jammeh garde la recette de ses pommades et boissons secrète, élaborée à base de plantes et de bananes. AIDS et ActUp n’ont pas encore réagi; représentant l’OMS, le Dr Filipe déclare que «l’OMS respecte le point de vue du président mais qu’il n’existe pas de traitement du SIDA.» Voilà un respect bien placé, auquel les papes, à l’enseignement beaucoup plus rationnel, n’ont pas eu droit... Il est vrai que le commencement du traitement inhibe la critique de la communauté scientifique: «le président pointe son Coran en déclarant: Au nom de Dieu, dans trois à trente jours, vous serez tous guéris.»


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