-
Jean de ViguerieLe sacrifice du soirVie et mort de Madame Elisabeth, soeur de Louis XVIRésumé: Orpheline à l'âge de trois ans, Madame Élisabeth, la petite sœur de Louis XVI, la dernière de la famille, bénéficie pourtant d'une instruction complète. Sportive, passionnée d'équitation, excellente en mathématiques et en dessin, vive, active et rapide, elle étonne son entourage par la diversité de ses talents et la fermeté de son caractère. Avec sa maison princière et ses amies, elle forme une petite cour au milieu de la cour, y faisant régner la piété et la paix. Elle ne se marie pas, n'entre pas au couvent. Sa vocation est de rester avec les siens, le roi, la reine et leurs enfants. Dans les dernières années de l'Ancien Régime, comme avertie de la tragédie, elle se prépare pour les secourir. A partir de 1789, elle les assiste et les réconforte. Refusant de les abandonner, elle quitte avec eux Versailles pour les Tuileries, et les Tuileries pour la prison du Temple. Après le roi et la reine, elle est guillotinée. Le régime ne peut pas l'épargner. Elle est son ennemie. Elle a toujours vu dans la Révolution un mensonge et une illusion. Elle a toujours déploré la faiblesse de son frère, et n'a jamais pu y remédier. Ange consolateur, grande figure de la résistance spirituelle à la persécution antichrétienne, elle est aussi l'exhortatrice. Elle encourage ses amies à la perfection chrétienne. Dans la voiture du retour de Varennes, elle convertit Barnave à la cause du roi. Sur le chemin de l'échafaud, elle exhorte à la mort ses compagnons de supplice. Puis elle quitte ce monde sans regret, tout à l'espérance de se « retrouver dans le sein de Dieu » avec sa « famille ».L'auteur: Jean de Viguerie est professeur émérite des universités. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'Ancien Régime et la période révolutionnaire.
votre commentaire -
Au musée Guimet
<o:p></o:p>Le grand art du Gandhara
<o:p></o:p>
Présent du 5 juin 2010
<o:p></o:p>
Le musée Guimet avait présenté en 2007 l’Afghanistan antique. Avec les arts du Gandhara, nous nous transportons plus à l’Est, sur les terres de l’actuel Pakistan. Nous touchons le terminus oriental des conquêtes d’Alexandre, qui atteignit le Pendjab. Des colonies grecques y subsistaient au début de notre ère, rejointes par les réfugiés qui avaient fui l’Iran sur lequel des envahisseurs étaient tombés. La dynastie kouchane allait développer dans la région une civilisation bouddhique marquée par l’art grec. L’art du Gandhara a été qualifié de gréco-bouddhique par Alfred Foucher, qui soutint sa thèse en 1900 sur le sujet, après avoir mené des fouilles à la frontière indo-afghane.<o:p></o:p>
Des trois musées qui ont recueilli les vénérables sculptures, le plus ancien est celui de Lahore. Le père de Rudyard Kipling en fut conservateur de 1875 à 1894. Le romancier fait commencer Kim, roman d’un orphelin irlandais apprenti-espion, à Lahore même, face au musée que les indigènes appellent la Maison des Merveilles.<o:p></o:p>
Merveilles est le mot juste. Taillés dans un schiste tantôt vert, tantôt noir, les bas-reliefs racontent la vie du Bouddha ainsi que des scènes profanes : la visite en palanquin, le retour au palais, musique et danse, l’école. La sculpture est sans complexe. Elle va droit au but. Le talent n’est pas également réparti, mais tous les reliefs indiquent « un ciseau rompu à la technique des ateliers de Grèce et d’Italie » (Alfred Foucher). Sans ignorer les influences indo-parthes et indo-scythes, l’empreinte de la patte hellène est trop marquée pour que le contact n’ait été qu’une influence : des sculpteurs grecs ont officié dans ces contrées, ont transmis un métier, une esthétique.<o:p></o:p>
Tel homme musclé s’inspire visiblement d’un colosse ou d’un kouros : il mérite le nom d’Atlas. Telle belle femme casquée, dont le drapé ne dissimule rien de la féminité, mérite celui d’Athéna. Le Bouddha est un mélange de sage indien et de prince indo-grec, apollinien. Les colonnes qui délimitent les scènes supportent des chapiteaux plus souvent corinthiens qu’indiens.<o:p></o:p>
Rien ici de l’abâtardissement de l’art grec au contact de l’art égyptien dégénéré. Nous ne sommes pas en présence du métissage de deux arts, mais d’un art mis au service d’une religion dont, a priori, il n’était pas destiné à exprimer les croyances. La première image du Bouddha était réputée achéiropoïétique. Est-ce au contact de la culture grecque que le bouddhisme pakistanais a rompu avec l’interdiction de représenter Bouddha autrement que par un symbole ? Ses premières images sont-elles celles du Gandhara ? On le pensait autrefois, on n’en est moins sûr aujourd’hui. <o:p></o:p>
Au contact de l’Asie, puis avec l’apport romain, les gènes grecs ont muté et donné ce résultat étonnant, que nombre de sculptures semblent appartenir à la sculpture chrétienne médiévale. Un chapiteau s’inspire d’un modèle corinthien mais un personnage émerge du feuillage, encadré par deux volutes et deux fleurs qui mordent sur le tailloir : n’était la pierre, ce serait de l’art roman caractérisé. Les animaux fantastiques, taureaux et boucs marins, anguipèdes ailés, ont leurs descendants sur une archivolte corse, sur un chapiteau italien. Des anguipèdes musiciens à double queue annoncent les sirènes bifides et les ânes harpistes.<o:p></o:p>
Les scènes de vendanges, inspirées par le voyage mythique de Dionysos en Asie, rappellent les travaux des mois qui animent les portails gothiques. La même simplicité, la même proximité les a inspirées. Les soldats de Mara, le roi démon manipulateur et pervers qui tente Bouddha pour l’empêcher d’atteindre l’Eveil, sont les cousins des diables qui peuplent les enfers médiévaux : hures, crinières, grimaces, le Mal a partout même visage (illustration).<o:p></o:p>
Deux stèles ambitieuses, La visite d’Indra et L’apothéose bouddhique présentent le Bouddha environné de divers personnages. La narration cède le pas à la contemplation. La seconde stèle, avec des personnages dont certaines attitudes sont analogues à celles des Vieillards de l’Apocalypse, est profondément fouillée, par un artifice osé : le relief est entièrement creusé par derrière. Kipling décrit l’étonnement d’un lama descendu de sa montagne devant ce chef-d’œuvre réalisé « par des artisans oubliés, dont le génie grec, à la suite de transmissions mystérieuses, était venu si loin de sa patrie, et non sans bonheur, guider la main ». Cette sculpture est postérieure aux reliefs de l’époque kouchane. Influencée par l’art gupta, elle date des V-VIe siècles. Les grands personnages auxquels le schiste noir donne l’apparence du bronze, du monastère de Sahri Bahlol, sont eux aussi tardifs. L’art du Gandhara prend fin, dignement, avant les invasions musulmanes du VIIe siècle.<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Pakistan, terre de rencontre – Les arts du Gandhara (Ier-VIe siècle).
Jusqu’au 16 août 2010, musée Guimet. <o:p></o:p>
illustration : Soldats de Mara, Pakistan, Lahore Museum © Droits réservés
voir également:
<o:p></o:p>
votre commentaire -
Vient de paraître!
Laurent Dandrieu
Woody Allen - Portrait d'un antimoderne (CNRS Editions)
"Je ne crois pas à une vie future, mais j'emporterai quand même des vêtements de rechange." Woody Allen est-il seulement cet amuseur public, aux comédies pétillantes truffées de bons mots et de situations absurdes? Ou bien faut-il d'abord prêter attention aux plaisanteries de celui qui confesse: "Les blagues en disent plus long que bien des livres de philosophies." Dans cet ouvrage à la fois drôle, vivant et admirablement documenté, Laurent Dandrieu livre une analyse savoureuse des grands thèmes qui composent l'univers du cinéaste: la politique, Dieu, la morale, l'amour, le sexe et les femmes, la mort, la psychanalyse, la modernité, les intellos et les bobos... Où l'on découvre un Woody Allen d'un pessimisme flamboyant mais cherchant toujour à dresser des barrières contre la tentation du désespoir, farouchement individualiste mais soucieux de trouver malgré tout les sources d'un comportement moral, incapable de croire en Dieu mais refusant résolument le matérialisme. Et trouvant finalement, grâce aux femmes et à l'amour, les meilleures raisons de ne pas désespérer tout à fait.
Le portrait d'un Woody Allen inattendu, à la recherche de l'absolu, préoccupé de métaphysique et nostalgique d'un monde mieux ordonné, laissant toujours percer la gravité sous le rire, très loin de l'image du clown séducteur et libertin à laquelle on le réduit souvent.
Une immersion passionnante dans l'univers du plus tourmenté des cinéastes comiques, suivie d'une filmographie commentée de ses 42 films et d'un choix d'aphorismes.
Laurent Dandrieu assure la critique de cinéma depuis 12 ans à Valeurs Actuelles, dont il dirige actuellement la rubrique Débats et la rédaction Internet. (4e de couverture)
votre commentaire -
En Anjou<o:p></o:p>
La Vierge de Montplacé<o:p></o:p>
Présent du 29 mai 2010
La chapelle de Montplacé, en Anjou, fête quatre cents ans de dévotion mariale. L’endroit était bien avant le XVIIe siècle un lieu de pèlerinage. La guerre de Cent ans, les guerres de Religion avaient entraîné sa désuétude. Un jour de l’année 1610, dans l’oratoire désaffecté où demeurait une Piéta en bois médiévale, s’abrita une bergère à qui la Vierge apparut sous forme de flammes, autour de la vieille sculpture. <o:p></o:p>
Cette manifestation réveilla la piété. La construction d’une chapelle fut lancée, non sans mal. L’entrepreneur fit faillite. L’architecte détourna des fonds. Il fallut plus de cinquante années pour la voir achever (1620-1672), tandis que le pèlerinage devenait célèbre, des guérisons ayant lieu. Le pèlerinage ne connaîtra pas le renom de celui de N.-D. des Ardilliers, mais son essor s’inscrit dans le renouveau spirituel du XVIIe siècle.<o:p></o:p>
Dotée d’un élégant toit en pavillon, l’édifice est juché sur une petite colline plaisante (c’est son étymologie : mons placitus), avec vue sur le bourg de Jarzé. Son entretien incombait au seigneur du lieu. D’où le riche cimier porté par deux anges au-dessus du portail. La façade Ouest est abondamment sculptée. Autour de la Vierge qu’accompagnent deux anges, bouquets de roses, cornes d’abondance, masses de fruits sont allègrement prodigués et donnent l’idée d’une surabondance de Grâce, de fertilité spirituelle. Belle sculpture, vigoureuse et joyeuse. <o:p></o:p>
Cependant c’est une Vierge de douleur et l’attitude des anges à ses côtés est celle de la complainte. Derrière la tête de la Vierge, la couronne d’épines et les clous le confirment, ainsi que le panneau en bois, à pans coupés, au-dessus de la porte, où apparaissent en faible relief les instruments de la Passion. Les souffrances de la Passion transformées en grâces par la médiation de Marie, tel est le sujet du portail. Cela correspond assez à la spiritualité bérullienne.<o:p></o:p>
Taillés en haut relief, les instruments de la Passion surmontent encore la petite porte Sud-Ouest.<o:p></o:p>
A l’intérieur, le chœur forme un vaste ensemble (illustration). On y retrouve angelots, fleurs et fruits, en masses, comme accrochés au mur ou disposés dans des vases. Ces masses sont cependant traitées différemment, elles se détachent plus des parois, ce qui leur donne une certaine dureté. Au-dessus de l’autel, une peinture de Jean Ernou : une Déploration. Les Ernou sont une famille de peintres angevins des XVIIe et XVIIIe siècles. Cet Ernou-là mourut en 1692. Son tableau est surmonté d’une Vierge à l’Enfant, en terre cuite peinte. D’autres sculptures de la même technique : deux anges, un Saint-Joseph, que complète, de l’autre côté, la Piéta en bois, rustique, qu’on datait du XIVe siècle, date vraisemblablement trop haute : la fin du XVe est plausible. Sa niche est surmontée d’un dais.<o:p></o:p>
Les statues en terre cuite peinte sont une spécialité mancelle à l’époque. Celles-ci étaient attribuées à Pierre Biardeau (1608-1671), on les donne aujourd’hui à Nicolas Bouteiller, qui fut peut-être son élève (1630-1696). Elles seraient des œuvres de jeunesse, ce qui explique cette relative raideur, cet aspect figé. Assurément, les terres cuites et le décor ne relèvent pas de la même main.<o:p></o:p>
Dans l’ensemble, la parenté est certaine avec la chapelle du Prytanée militaire, dont la décoration intérieure est contemporaine de la construction de Montplacé. Pour la partie inférieure, le portail de Montplacé est voisin de celui du lycée militaire. Les Jésuites eurent une influence spirituelle dans la région, mais aussi artistique : les artistes qui ont travaillé à La Flèche ont répandu leur style dans divers chantiers de la région.<o:p></o:p>
Mentionnons, pour terminer cette rapide visite, la magnifique coquille sculptée au revers du portail et, çà et là, encore des angelots et des fruits au niveau des chapiteaux qu’ils dissimulent plus qu’à moitié, disposition baroque (illustration). Le tronc serait celui qui servait au XVIIe siècle à recueillir les dons pour la construction.<o:p></o:p>
Les 400 ans de l’apparition de la Vierge à Montplacé seront fêtés par des concerts (20 juin, 4 et 24 juillet), par une présentation de la symbolique des couronnes de mariée : près d’une centaine a été déposée en ex-voto après des naissances confiées à la Vierge. Le 15 août auront lieu le pèlerinage et la messe, que suivra un son et lumière. <o:p></o:p>
Samuel
votre commentaire -
Hasard et bonheur des Puces... à Angers samedi dernier, trouvé dans du rebut une dédicace d'Alphonse de Lamartine à Charles Nodier, reliée dans un exemplaire du tome premier des OEuvres complètes de 1836 (Paris, Charles Gosselin et Furne). Prix négocié de l'ouvrage, 10 euros...
Ces vers de 1823 ne sont pas inédits, le poète les a classés par la suite dans les "Epîtres et poésies diverses" (cf. pp. 272-273 de l'Edition complète en un volume, Bruxelles, 1836).A M Charles Nodier de la part de l'auteur son admirateur et son ami.Couché dans sa barque flottanteet des vagues suivant le courscomme nous le nautonnier chantepour tromper la longueur des jours;
c'est en vain qu'une ombre chérie
ou l'image de la patrie
Rapellent son coeur sur les bords!
il chante; et sa voix le console
et le vent qui sur l'onde vole
prend sa peine avec ses accords!
St Point 30 décembre 1823.
Alph. de Lamartine
votre commentaire