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    Les Petits Hommes Verts<o:p></o:p>

    Les envahisseurs ont apporté leur langage, leurs lois, leur religion et leur mode de vie. Venus sauver la planète Terre, ils vous incitent à collaborer. Cette rubrique a pour but de vous aider à les mieux comprendre.<o:p></o:p>

    Carné. Des éleveurs de Loire-Atlantique ont protesté la semaine dernière contre une journée sans viande organisée le 25 mars dans les cantines scolaires de Saint-Nazaire. Aucune viande ne fut en effet servie, au nom de la protection de la planète, comme l’expliquait un tract : « pas de viande car l’élevage peut abîmer notre planète : par exemple, les vaches ont besoin de prés, donc on détruit des forêts. » Donc Socrate est un homme ? Donc un cheval cher est rare ? Les enfants sont une cible de choix pour l’endoctrinement écologique. Les livres pour la jeunesse fourmillent, aux titres savoureux : Crocolou aime la nature ; J’ai un sac d’école écologique ; Mathilde à la déchetterie ; etc.<o:p></o:p>

    Végétal. – Cette journée Sans Viande passe encore inaperçue. Elle est pourtant mondiale. Etre végétarien est dépassé, végétalien insuffisant : il faut être « végan ». Un « végan » peut venir de l’étoile Vega, il refuse en tout cas de consommer et d’utiliser tout produit ou matière d’origine animale. « Régime non violent » promu lors de la journée Sans Viande, laquelle est « à caractère totalement laïque », précise le site http://journee-sans-viande.info/. Renseignements pris, les Végans consomment des plats tels que la tarte à la pâte de dattes, la ratatouille sud-africaine, préparent des crêpes sans œufs ni lait et achètent des « Rondelles charcutières végétales » sous-vide. <o:p></o:p>

    Pourri. – Sarah F., nous dit la journaliste de Direct Matin (du lundi 3 mai), est sensible aux questions environnementales. Les symptômes ? « Elle se déplace en RER ou à vélo, mange de la nourriture bio et va de temps en temps échanger des semences ( ?) au jardin partagé de son quartier. » S’il est parlé d’elle, c’est parce qu’elle a lancé le mouvement du compostage collectif. Cela consiste à déposer les déchets organiques dans un bac spécial, mis à disposition de tout l’immeuble. L’adjoint au maire Fr. Dagnaud (PS) se réjouit de cette économie :70kg par an de déchets en moins, par personne, et ajoute une raison à laquelle nul ne restera insensible : « Le compostage favorise le lien social. »<o:p></o:p>

    Venteux. L’annonce du 1er avril semblait être un poisson : deux mini-éoliennes, installées dans le 20e arrondissement par la Mairie. Il n’en est rien, elles existent réellement sur le toit de la Maison de l’Air. Imaginez un aérateur dans un manche à air, ou le rotor de Gaston Lagaffe fixé à un casque chauffant de salon de coiffure. Une paire de mini-éoliennes permettant de ne pas produire 2,6 tonnes de CO2 annuelles, le rêve des Verts est d’en greffer sur tout toit, voire sur la pointe de l’Obélisque. A quand des panneaux photovoltaïques sur le dôme des Invalides ? <o:p></o:p>

    Secoué. L’Etat facilite l’accès des jeunes à la contraception, mais qui se soucie de celle des pigeons ? La Mairie de Paris, évidemment. Objectif visé : un pigeonnier contraceptif par arrondissement. Le pigeonnier contraceptif, aux yeux d’un couple de pigeons, est un pigeonnier comme un autre. La preuve, la première couvée arrive à terme. L’astuce, c’est que les couvées suivantes sont secouées fortement, ce qui stoppe leur développement. « Cette démarche se fait dans le respect de la vie animale et en concertation avec les associations de protection animale. ». Où va se nicher le respect de la vie !<o:p></o:p>

    Samuel

    <o:p></o:p>Présent du 22 mai 2010<o:p></o:p>


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  • Les Petits Hommes Verts<o:p></o:p>

    Les Envahisseurs ont apporté leur langage, leurs lois, leur religion et leur mode de vie. Venus sauver votre planète, ils vous incitent à collaborer. Cette rubrique a pour but de vous aider à les mieux comprendre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>Varié. – Qu’est-ce qui ne sera pas durable ? Le groupement meunier Générale des Farines lance le label La Bleuette, « première baguette développement durable ». Le chef Alain Alexanian promeut la Charte du Développement Durable pour la Restauration traditionnelle. L’exposition La Voie du Tao, au Grand Palais, met en avant sa « muséographie éco-responsable ». Des Autrichiens ont fondé un orchestre « d’écolo-instruments » : carottes évidées, aubergines coupées en deux, feuilles de salades constituent le nouveau matériel. Il s’agit « d’un rejet de la production industrielle », grâce à « des méthodes qui épargnent soigneusement le monde animal. » (source : Mondomix, mai-juin, n°40)<o:p></o:p>

    Nuptial. – Souhaiter un mariage durable n’implique aucunement une volonté d’engagement pour le meilleur et pour le pire – le pire étant le réchauffement climatique, obstacle dirimant : se marier « durable », c’est célébrer des noces bio, éthiques, équitables. Le mariage de grand-papa polluait, pollue. Des agences spécialisées proposent des noces respectueuses de l’environnement. Fini les faire-part sur beau papier, on convie sur papier recyclé ou mieux par e-mails. La robe est en papier biodégradable. La réception doit être proche de la mairie (et de l’église si vous êtes cathécolo), afin d’éviter un ballet de voitures nuisible à la planète. Du champagne bio dans un verre en carton recyclé : que la fête commence ! (source : Ecolomag, n°16, « le magazine des écopratiques »)<o:p></o:p>

    Herbeux. Des mauvaises herbes dans les cimetières angevins ? Qu’est-ce à dire ? Une grève des jardiniers ? Un panneau renseigne : « Dans le cadre de sa politique de développement durable, la Ville d’Angers veille à utiliser le moins de désherbants possible. » Protection des nappes phréatiques, préservation de la biodiversité : le désherbage est désormais manuel. Un travail fatigant, d’où ces coins non nettoyés, et cette impression d’abandon que provoquent les mauvaises herbes maigres entre deux bordures de ciment. Qui a parlé de mauvaises herbes ? Un terme négatif appliqué à une graminée, ce n’est pas encore du racisme, mais certainement déjà de la discrimination. La Ville d’Angers préfère parler d’herbes spontanées. « Changeons notre vision : les herbes spontanées sont le symbole de sols sains sans produit toxique ! »<o:p></o:p>

    Encombrant. J’ai calculé mon empreinte écologique. C’est comme l’Indice de Masse Corporelle ou le Quotient Intellectuel, mais en termes de pollution : dans quelle mesure suis-je une masse de corruption nauséabonde pour l’environnement, un produit polluant issu de la civilisation blanche occidentale ? <o:p></o:p>

    J’ai honnêtement répondu aux questions sur l’alimentation, l’habitation, les déplacements et la consommation. Mon empreinte écologique est de 45080 m2 / an. Moi qui me croyais modestement locataire d’un 28 m2… L’ordinateur a porté ce jugement : « Pas mal ! Vous êtes proche de la moyenne nationale. Vous faites parfois les bons choix pour préserver la planète, mais vous ne savez pas toujours comment agir. » Cela, parce que j’ai reconnu ne pas pratiquer le tri sélectif des déchets. Mon scepticisme étant total, j’applique la consigne : en cas de doute, utiliser le bac vert. Un comportement dont les conséquences sont atténuées par d’autres gestes positifs puisque je bois l’eau du robinet et que j’utilise les transports en commun. (L’ordinateur ne prend pas en compte le CO2 dégagé en une seule et dernière fois par ma voiture, une nuit d’été.)<o:p></o:p>

    Reste que, ajoute l’ordinateur, si tout le monde consommait comme vous, « il faudrait 2,5 planètes pour subvenir aux besoins de la population mondiale. » Le citoyen idéal a un ventre plat, un écran plat, un encéphalogramme plat, une empreinte écologique d’1m2, en station debout, entouré de ses bacs jaunes, verts, blancs.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    (Vous aussi, calculez votre empreinte écologique ! http://www.universcience.fr/)<o:p></o:p>

    Présent du 15 juin 2010<o:p></o:p>


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  • Au musée Rodin<o:p></o:p>

    Le corps et l’ornement

    Présent du 26 juin 2010<o:p></o:p>

    Devenant au fil du temps le puissant modeleur qu’on sait, Rodin s’est fait la main, longuement, en tant qu’ornemaniste. Son passage à l’Ecole spéciale de dessin et de mathématiques l’avait préparé à cette spécialité (1854-1857), quoiqu’il ait eu en tête un autre projet. La « Petite Ecole » formait des artistes décorateurs et préparait les étudiants au concours d’entrée des Beaux-Arts. Auquel Rodin fut refusé trois fois, vive le système ! Et de se rabattre sur l’art décoratif.<o:p></o:p>

    Parmi les ateliers pour lesquels il travailla, celui de Carrier-Belleuse fut le principal. Carrier-Belleuse avait le goût de la gracieuseté : une terre-cuite telle que L’Innocence tourmentée par l’Amour (1871) est représentative de cette joliesse datée, empreinte de vulgarité. Rodin suit son patron de près avec La toilette de Vénus (1871) : la jeune femme dénudée, le petit Amour potelé, la guirlande, éléments d’un style gentillet. On décèle cependant dans ce petit nu féminin une qualité plastique qui n’appartient pas à tout le monde. <o:p></o:p>

    Le sujet existe avec des variantes : dans l’atelier de Carrier-Belleuse on pratiquait l’assemblage de diverses figures moulées, de façon à produire rapidement des compositions différentes à peu de frais. Rodin pratiquera cela toute sa vie, mais à des fins de recherches artistiques et non d’exploitation commerciale.<o:p></o:p>

    Rodin passe plusieurs années à Bruxelles où il a suivi Carrier-Belleuse sur des chantiers, non sans se brouiller avec lui. Les Atlantes et les Cariatides réalisés pour un immeuble du boulevard d’Anspach datent de 1874 : on note l’influence de Michel-Ange. La force est dictée par la fonction décorative : à la même date Rodin n’a pas affranchi ses bustes de la joliesse, de l’accessoire. Le buste de Mme Almire Huguet, bien qu’austère, est encombré de détails (1874). Celui de Suzon, par le traitement de la chevelure, du corsage, du minois, est-il assez mignard (1875) ? Un temps viendra où Rodin confèrera la force à n’importe quel sujet, en dotera la chair la plus délicate ou les figures les plus petites, comme les quatre titans qui soutiennent la vasque réalisée par Carrier-Belleuse. Malgré leur brouille, celui-ci fit par la suite appel à Rodin lorsqu’il fut nommé à la direction des travaux d’art de la manufacture de Sèvres. De nombreux vases ont été créés, agrémentés de sujets en léger relief.<o:p></o:p>

    La statue de Jean-Baptiste d’Alembert, qui prend place dans une niche de l’Hôtel de Ville reconstruite (1880, angle nord-ouest), marque une étape. La pose est pensée : le philosophe tient son écritoire de la main gauche, mais posé en appui sur sa cuisse droite, créant un dynamisme par cette torsion qui sera réutilisée pour Le Penseur et pour une figure d’Adam, laquelle est reprise lorsque Rodin modèle plusieurs projets de cheminée, complétée par Eve à l’autre piédroit (illustration ; La mort du poète orne le manteau). Ces figures des premiers Parents, au cou cassé par la Faute – « Atlas de la maison d’Adam / Nous portons le monde et son Prince » – sont belles et peut-être trop élevées pour cette cheminée plutôt bourgeoise. Il s’agit d’une commande du collectionneur Errazuriz.<o:p></o:p>

    Rodin a en effet conçu des décors pour de riches particuliers, Maurice Fenaille (villa de Neuilly, baigneuses et colonne torse agrémentée de figures, le tout très symboliste), le baron Joseph Vitta (villa d’Evian, les quatre Saisons ; hôtel des Champs-Elysées).<o:p></o:p>

    En 1880, Rodin reçoit la commande de la Porte de l’Enfer, qui devait ouvrir le futur musée des Arts Décoratifs. Les figures naissent de la lecture de Dante, de Baudelaire, d’Hugo. L’art décoratif et la « sculpture pure » se confondent. Les figures peuvent exister indépendamment de la Porte, avant elle comme en dehors d’elle, ou se soumettre à ses lignes, pour dans son cadre servir l’ensemble.<o:p></o:p>

    En mûrissant sa Porte, Rodin repense aux portes des cathédrales gothiques et Renaissance. Il se souvient des pèlerinages artistiques qui l’ont mené vers les grands sanctuaires médiévaux, où il a pris des notes, dessiné les jeux d’ombre et de lumière dans les archivoltes et les moulures, comparé les effets du jour et de la nuit pour saisir l’intention artistique des maîtres d’œuvre. Son témoignage sera consigné dans Les cathédrales de France (1914). Puissante analyse qu’interrompent la colère contre les restaurations sans vie, la sollicitude pour le patrimoine incompris. « Ce qui est le plus difficile, ce n’est pas de penser avec la primitive ingénuité de l’enfance : c’est de penser avec la tradition, avec la force acquise, avec tous les résultats thésaurisés de la pensée. Or, l’esprit humain ne peut aller très loin qu’à cette condition : que la pensée de l’individu s’ajoute, avec patience et silence, à la pensée des générations. »<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Corps et décors – Rodin et les arts décoratifs.

    Jusqu’au 22 août 2010, Musée Rodin.

    illustration : Adam et Eve et la Mort du Poète, projet de cheminée. Terre cuite (Meudon, musée Rodin)<o:p></o:p>


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    Au Grand Palais<o:p></o:p>

    Lao-Tseu et la Voie<o:p></o:p>

    Présent du 19 juin 2010<o:p></o:p>

    « Lao-Tseu a dit : il faut trouver la Voie. Je vais vous couper la tête. » Comment oublier Didi, ce personnage du Lotus bleu, qui fou avait une conception si personnelle du Tao ? Ce mot signifie voie, pratique, doctrine. Le taoïsme ne se résume donc pas au qi gong, cette gymnastique pratiquée jusqu’en Europe dans des parcs, ni au couple du yin et du yang, souvent réduit à une dualité sexuelle alors qu’il est beaucoup plus que ça : « non seulement il a servi de modèle de classification universelle, expliquait Mircea Eliade, […] en outre il a été développé dans une cosmologie qui, d’une part, systématisait et validait de nombreuses techniques du corps et disciplines de l’esprit et, d’autre part, incitait à des spéculations philosophiques de plus en plus rigoureuses et systématiques. » Le taoïsme est religion, philosophie, hygiène, cogitation alchimique, vision totale de l’être supposé atteindre l’immortalité physique.<o:p></o:p>

    Le taoïsme a connu des périodes favorables et d’autres où vexations, interdictions, destructions lui ont été prodiguées. Il a connu l’hostilité du confucianisme, du bouddhisme, parfois celle de l’empereur ou du chef de la Révolution. La résistance du taoïsme s’explique probablement par le fort substrat mythologique archaïque sur lequel il est établi, qui l’ancre dans la mentalité chinoise. <o:p></o:p>

    Vivant au VIe siècle avant notre ère, Lao-Tseu reprend les cosmogonies antérieures, puise dans Le livre des Mutations écrit deux siècles plus tôt. D’après son ouvrage, Le livre de la Voie et de la Vertu, il ne paraît pas qu’il ait eu la prétention de donner les clés de l’immortalité. Sa pensée s’est trouvée largement développée par différentes et fécondes écoles.<o:p></o:p>

    Lao-Tseu est souvent représenté sur un buffle (illustration : rouleau vertical d’un mètre de haut, par Zhang Lu, XVIe siècle). « Lao-Tseu à la passe de Hangu » est le dernier épisode connu de sa vie, maintes fois représenté. C’est à ce moment que le sage remet au gardien de la passe son livre, puis s’éloigne et disparaît à jamais. La scène apparaît aussi bien sur un vase de porcelaine à émail rouge (XIXe), que peinte sur soie en tons délicats par Jiang Xun (1764-1821).<o:p></o:p>

    Sa disparition est significative. Le maître délaisse le monde. Le taoïsme en cela s’oppose au confucianisme, construit pourtant sur les mêmes croyances anciennes. Selon Confucius, l’homme s’épanouit et gagne en perfection en ayant une vie sociale et politique. Lao-Tseu prône lui la vie cachée.<o:p></o:p>

    Le caractère qui désigne les immortels, les adeptes qui sont allés au bout de l’expérience du Tao, est constitué du signe « homme » et du signe « montagne » : à l’instar de Lao-Tseu, l’immortel l’est devenu par la pratique de l’érémitisme. Les montagnes sont le lieu de méditation, mais aussi de recherches de plantes et de minéraux – ingrédients de l’élixir de longue vie. Importance de la montagne, le taoïsme a influencé la peinture chinoise en la poussant vers le paysage. Wen Boren (1502-1575) peint un long paysage horizontal où l’œil circule à merveille : Aube de printemps sur la terrasse de l’élixir. Shitao (1642-1720), dans le même format, peint Une visite à la grotte de Chang Gong, dans des tons gris bleu et saumon pastel. Les différentes îles où séjournent les immortels sont autant de prétextes à paysage : Wen Boren encore, ou son contemporain Wen Jia (1501-1583), qui fait s’étager de beaux escarpements où s’accrochent les arbres.<o:p></o:p>

    Divinisé en 166 ap. J. C., Lao-Tseu forme avec deux autres dieux les dieux dits du Ciel antérieur, les plus importants. Existent beaucoup d’autres dieux, secondaires, liés à l’organisation du monde : régents des onze luminaires, empereurs des cinq directions, grands généraux des friches, dieux des murs et des fossés… Ils apparaissent dans une série de remarquables peintures sur soie datée de 1454. <o:p></o:p>

    A chaque point cardinal est associé un animal : dragon vert à l’est, tigre blanc à l’ouest, oiseau vermillon au sud, tortue noire enlacée par un serpent au nord. Le zodiaque, expression du temps cyclique, a lui aussi ses animaux. Des terres cuites du VIe siècle les représentent en toge. Les têtes, délicates et naïves, sont de bons morceaux d’art animalier. Les « régents des douze palais du zodiaque » peuvent aussi être représentés portant des attributs occidentaux : lion, taureau, etc.<o:p></o:p>

    Le taoïsme, on le voit, a aimé les images, les paysages comme les personnes. Outre les nombreux manuscrits (textes sacrés, médicinaux), outre les vases, les peintures et les sculptures, on admirera de remarquables estampages réalisés à partir de bas-reliefs. Ils donnent, sur papier, des « négatifs » précieux pour l’iconographie. La sculpture se transforme en spectacle d’ombres chinoises.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    La voie du Tao, un autre chemin de l’être.

    Jusqu’au 5 juillet 2010, Grand Palais.

    illustration : Laozi sur le buffle, par Zhang Lu © The National Palace Museum Taipei, Taiwan

     

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    Au centre Pompidou<o:p></o:p>

    Lucian Freud et le réel<o:p></o:p>

    Présent du 12 juin 2010<o:p></o:p>

    Le peintre Lucian Freud est, avec Francis Bacon, un des principaux maîtres figuratifs anglais du XXe siècle. Depuis les années 1990, diverses expositions ont fait voyager son œuvre dans le monde. La plus importante a été la rétrospective organisée par la Tate Britain à Londres (2002), partie ensuite à Barcelone et Los Angeles, qu’a suivie en 2007 une autre rétrospective qui s’est arrêtée en Irlande, au Danemark, en Hollande.<o:p></o:p>

    Lucian Freud, petit-fils de Sigmund Freud, est né à Berlin en 1922. La famille a émigré en 1934 en Angleterre, où le fondateur de la psychanalyse l’a rejointe et y est mort en 1939, année où son petit-fils acquérait la nationalité britannique.<o:p></o:p>

    Il étudie l’art à Dedham, sous la direction de Cedric Morris. Celui-ci avait étudié à Paris, dans les académies de Montparnasse, avant et après la Première Guerre. Freud lui-même séjourne en 1946 à Paris, où il rencontre Giacometti et Picasso, puis en Grèce. Par la suite il ne s’éloigne guère des ses ateliers londoniens successifs, ce qui lui vaut d’appartenir à « l’Ecole de Londres », dans laquelle on regroupe une cinquantaine d’artistes (Francis Bacon, Franck Auerbach, autre natif de Berlin réchappé du nazisme, etc.)<o:p></o:p>

    En 2001, pour le jubilé de la Reine, Lucian Freud a offert de peindre son portrait. La Reine a posé, couronnée. Le petit portrait de 15 x 22 cm n’a pas fait l’unanimité. La Reine a peu goûté la moue d’ennui, si éloigné d’un sourire officiel. Le Sun a trouvé qu’elle ressemblait à un vieux travesti, le British Art Journal à un de ses chiens qui aurait eu une attaque. (La royale effigie ne figure pas dans cette exposition de Pompidou.) Les appréciations, désagréables pour l’artiste comme pour le modèle, ne sont pas justifiées. Les gens acceptent des horreurs sans broncher, sinon d’extase, et s’indignent à contretemps. Il y a dans la manière de Lucian Freud une tranquillité d’approche, une façon de ne se soucier ni de plaire ni de choquer – quand l’art moderne se satisfait interminablement de plaire en feignant de choquer. <o:p></o:p>

    Pour peindre la Reine, Freud a dû sortir de son atelier. D’ordinaire il le trouve assez grand pour s’y cantonner. Au cœur de ce laboratoire matriciel, dépouillé, il échappe à l’emprise de l’anecdote.<o:p></o:p>

    Dans une pièce vaste et vide prend place un modèle, parfois rejoint par un autre ou par le chien de l’artiste. Les modèles sont en général nus. Les personnages sont bien installés dans l’espace. Pour Freud, l’être humain modèle l’espace autour de lui d’une façon spécifique, qui appartient à sa personnalité. Réussir à peindre cela, participe de la réussite du portrait.<o:p></o:p>

    De même que l’atmosphère qui les entoure a son épaisseur, les corps, peints avec une touche franche et grasse, ont la leur. La peinture est chair : profession de foi du réaliste, limite également d’une vision qui n’est que charnelle. Héritage indirect de l’Ecole de Paris ? Les tons de chair varient peu d’une toile à l’autre. Les poses ne sont jamais conçues : le corps s’affale, se démembre pour le plaisir de le peindre écartelé dans l’espace. Cela parle peu car de telles postures ni naturelles ni plastiques.<o:p></o:p>

    Par refus d’une beauté convenue, Freud ne craint pas de s’attaquer à des modèles obèses, de taille américaine : Endormie près du tapis au lion (1995-1996), non sans glisser parfois dans le titre une once d’ironie : Cadre d’une société de prévoyance sociale endormie (1995). <o:p></o:p>

    Parfois la viande est dépassée. Portrait nu debout (1999-2000) est un très beau nu dans sa simple verticalité. L’ambitieux intérieur Portrait nu avec un fauteuil rouge (1999) baigne dans une atmosphère obombrée qui prouve combien la crudité d’un nu gagne à être atténuée. Par un cadrage en contre-plongée, Freud confère de la poésie à la Jeune fille dans une embrasure du grenier (1995).<o:p></o:p>

    Je serais volontiers reparti avec deux toiles non moins poétiques si, à la différence du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le Centre Pompidou n’était doté d’un système d’alarme en état de marche – du moins on le suppose. Le Bouquet de boutons d’or (1968) est un bouquet sauvage tout en légèreté. Deux lutteurs japonais près d’un évier (1983-1987) représente un évier au-dessus duquel est posée une image de lutteurs. L’évier est le vrai sujet de la toile. Large et profond évier d’atelier, blanc et rectangulaire, où après une fructueuse, harassante séance de travail on a plaisir à nettoyer les brosses sur un bloc de savon de Marseille. Les lumières sur l’émail, les reflets – et les reflets des reflets –, mis en valeur par le fond du bac souillé de tons ocre et vert, les deux robinets ouverts avec leurs jets irréguliers, tout cela fait une nature morte aussi inattendue que réussie.<o:p></o:p>

    Samuel<o:p></o:p>

    Lucian Freud, L’atelier. <o:p></o:p>

    Jusqu’au 19 juillet 2010, Centre Pompidou.<o:p></o:p>

    illustration : Reflet avec deux enfants (autoportrait), 1965 © José Loren, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid ©Lucian Freud<o:p></o:p>


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