-
La huitième joie du mariage, cest quand celui qui est marié a tant fait quil est pris dans la nasse, où il sest amusé, a pris tous les plaisirs et délices pendant deux, ou trois, ou quatre ans, ou plus ou moins ; quand sa jeunesse a commencé à refroidir et quil veut passer à autre chose car on ne saurait toujours jouer aux barres, ni courir et sonner du cor en même temps. Il se peut quil ait vécu pas mal des infortunes et malheurs susdits, dont il est si fort abattu quil ne pense pas à senfuir, bien dompté et bien attaché quil est. Il se peut également que sa femme ait deux, ou trois, ou quatre enfants, ou plus ou moins, et quelle soit encore grosse ; mais elle est plus malade de cette grossesse que de toutes les autres, doù la grande douleur du bonhomme, et le grand souci quil a de lui procurer ce quelle désire.
Voici quapproche le temps de lenfantement. Elle est si malade que cen est terrible et que les femmes ont grand peur quelle nen réchappe pas. Le bonhomme, alors, la voue aux saints et aux saintes ; elle, de son côté, se voue à Notre Dame du Puy en Auvergne, à Rocamadour et en plusieurs autres lieux. Il arrive, Dieu merci, que les prières du bonhomme sont entendues. Sa femme accouche dun bel enfant le Dauphin du Viennois ! et reste longtemps alitée. Les commères viennent et organisent de belles et grandes relevailles. Voilà la dame en de bonnes mains, bien aise elle sen donne à cur joie. Elles se retrouvent à quatre ou cinq commères à faire la fête chez lune delles, pour samuser et parler de leurs petites affaires. Je préfère ne pas parler du désordre qui sensuit : elles dépensent et gaspillent plus à cette partie de plaisirs que le bonhomme en huit jours pour sa maisonnée. [...]
Lisez l'intégralité de la Huitième joie dans lovendrin n°11.
votre commentaire -
[...] Exit lAllemagne en mars 1916 : la partie orientale devint française, la partie occidentale anglaise. Dans les écoles de la République française, le français fut décrété unique langue déducation, avec interdiction de parler les langues locales ; mais les missionnaires catholiques, avec bon sens, laissèrent parler dans leurs écoles français et langues locales. Il en fut grosso modo de même en zone anglaise.Cette politique draconienne de ladministration coloniale, méfiante à légard des langues locales, ne doit pas occulter son action positive par ailleurs, car elle ouvrit partout des écoles, ce que navait pas fait les Allemands. Cest si vrai que la région Nord, où il y en eut très peu douvertes à cause du caractère enclavé de la région, reste encore de nos jours la région la moins alphabétisée ; retard accru par le fait que le français ny est pas langue véhiculaire, le foulbé jouant ce rôle. Le foulbé est la langue des Peuhls nigérians qui ont envahi cette région au XVIIe, et imposé aux populations et leur langue, et lIslam. Mais cela ne trouble pas les à-tout-prix de la décolonisation, qui savent ne dénoncer que lignoble mainmise oppressive des langues européennes.
Lisez l'intégralité de l'article de Obroni Koko dans lovendrin n°11.
votre commentaire -
[Sur ce chapiteau du Lion-d'Angers] Les lions sont sculptés fort maladroitement : le sculpteur na pas su représenter deux têtes semblables de profil et de face : on dirait de deux animaux différents. Pas de crinières ; corps, pattes et queues sont informes. On en viendrait à douter quil sagit de lions, sil ny avait les griffes, disproportionnées et précisément indiquées. Pour rattraper sa maladresse, lartiste a renchéri sur les détails connus de lui et, en tant que détails, plus faciles à tailler. Lattention aux détails est souvent le fait dun art inférieur, quelle soit due à une vision fautive par laquelle la partie supplante le tout ou à une technique peu sûre.
Labsence de crinière est choquante, car pour nous qui avons vu des lions en photo et dans les zoos, la crinière indique mieux le lion que les griffes. Les artistes médiévaux navaient pas la tâche facile : ils devaient interpréter des documents (manuscrits, tissus orientaux) qui étaient eux-mêmes des interprétations. Dans les manuscrits, les lions nont souvent de crinière que dessinée dans lencolure mais sans effet de chevelure. Les deux exemples (fig. E et F) sont tirés de manuscrits irlandais, pure coïncidence car il en serait de même dans les manuscrits continentaux. à partir de cela, on pourrait tenter un classement des innombrables lions romans en deux catégories : ceux à crinière, issus de modèles représentés sur les tissus orientaux ; ceux sans crinière, issus de manuscrits, en tenant compte des contaminations, des dégénérescences, etc. [...]
Lisez l'intégralité de l'article de Samuel dans lovendrin n°11.
votre commentaire -
[...] Il appert de cela quun sudoku nest pas autre chose quun carré latin, ou carré magique. Quon ait délaissé ces appellations traditionnelles au profit dun terme exotique mattriste dautant plus que sudoku signifie « chiffre unique », ce qui na pas la richesse dévocation de « carré magique », où ladjectif révèle lémerveillement ressenti devant la mécanique impeccable des nombres. Les anciens aimaient les jeux de chiffres et de lettres, quils nommaient des nugae difficiles, des « bêtises difficiles » ou des « riens malaisés .» [...]
Plus curieux, moins futile peut-être, le carré magique se décline également sous forme de grilles remplies de lettres. Le plus connu est celui-ci :
s a t o r
a r e p o
t e n e t
o p e r a
r o t a s
Les cinq lignes, ou les cinq colonnes, « conservent, dans tous les cas, la propriété de se retrouver identiques à elles-mêmes par quelque bout quon les prenne et en quelques sens quon cherche à les lire », écrit Jérôme Carcopino dans létude quil en a faite, « Le christianisme secret du carré magique », qui ouvre Les fouilles de Saint-Pierre et la Tradition (Albin Michel, nouvelle édition revue et augmentée, 1963). Sy combinent la lecture classique, la lecture en sens inverse, le palindrome et le boustrophédon.
Ces quelques mots, Carcopino les traduit par « le semeur, veillant à sa charrue, tient avec soin ses roues », phrase dont la platitude cacherait le sens profond, et chrétien, du carré : la croix figurée par les mots « tenet », les lettres permettant décrire, sous forme de croix, « pater noster », ne laissant comme lettre que A et O, lalpha et loméga (qui encadrent chacun des T, qui nest pas autre chose que le tau grec figurant la croix). Ce carré serait un signe de reconnaissance à lusage des communautés chrétiennes des premiers siècles. Il va sans dire que je résume grossièrement des démonstrations et des discussions très érudites.
Le carré « Sator arepo » provoque aussi des thèses moins érudites : cabalistes, hermétiques, alchimiques... car les «jeux» de lettres et de chiffres sont propices aux vaines théories. [...]
Lisez l'intégralité de l'article de G. Lindenberger dans lovendrin n°11.
votre commentaire -
Vous y trouverez:
- "Lions romans", étude d'un chapiteau roman (du Lion-d'Angers, 49) par SAMUEL;
- un entretien avec Jean de Viguerie au sujet des occupations et dégradations dans les universités et écoles en mars-avril;
- un article de G. LINDENBERGER sur les carrés magiques, en particulier le carré "sator arepo..."
- "Parcours francophone: le Cameroun", par Amédée SCHWA, fait le point sur la situation de la langue française au milieu d'innombrables autres langues, à partir d'un mémoire de Mlle Haoua Fadawa;
- La Huitième joie du mariage, tirée des XV joies du mariage (ouvrage anonyme du XVe), transcrit en français moderne par Amédée SCHWA;
- La page impertinente de G. LINDENBERGER: Idées et langages.
Lire des extraits? http://lovendrin.oldiblog.com/?page=articles&rub=154439