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Par schwa1 le 28 Février 2011 à 21:16
Fanfreluches multiculti
L’incident est loin d’avoir l’épaisseur d’un fait divers mais constitue un épisode amusant de l’histoire de l’antiracisme. Le couturier John Galliano a été interpellé jeudi dernier en soirée dans le 3e arrondissement de Paris, après une altercation au cours de laquelle il aurait proféré des injures à caractère racial et antisémite. Ce qu’il nie.
C’est au café La Perle, qu’on a connu ballon de rouge et jambon-beurre, devenu bar lounge, branché, que Galliano, au sujet d’une chaise en terrasse, s’en serait pris à un couple, elle juive, lui asiatique. « Dirty Jewish face, you should be dead », « Fucking Asian bastard, I will kill you », le styliste du porno-chic et de l’anar-chic a adopté un ton très rappeur.
Conduit au commissariat, Galliano a expiré une haleine chargée d’un peu plus d’un milligramme d’alcool par litre. Le communiqué de son employeur aura contribué à le dégriser. « La Maison Dior affirme avec la plus grande fermeté sa politique de tolérance zéro à l‘égard de tout propos ou attitude antisémite ou raciste ». Elle a suspendu Galliano de ses fonctions de directeur artistique, par principe de précaution plus que par présomption d’innocence. (Dior appartient au groupe LVMH, qui possède également Guerlain. Jean-Paul Guerlain avait fait scandale en octobre dernier avec des propos sur les nègres. La réaction de la société Guerlain avait été rapide et intransigeante. Le groupe LVMH avait ajouté avoir « toujours condamné vigoureusement toute forme de racisme, qu’elle qu’en soit l’expression ».)
Personne n’attendait un esclandre de ce genre, de la part de Galliano. Né d’un père anglais et d’une mère italienne, il se dit volontiers issu du métissage. « Il attribue à ses racines multiculturelles l’origine de sa carrière et de sa curiosité », explique son site. Il a grandi à Gibraltar puis dans un quartier pauvre de Londres au milieu de l’immigration africaine, asiatique, indienne, « une source d’enrichissement culturel fantastique », déclarait-il dans Madame Figaro. L’alcool désinhibe, dit-on.
Des blogues gays prennent la défense de Galliano. En réalité, le couturier aurait qualifié la jeune femme de « jap ». A savoir : « Jewish American Princess », un terme qui désigne, aux Etats-Unis, les jeunes femmes de familles juives aisées, au comportement plutôt égocentrique et m’as-tu-vu. Ce ne serait pas une insulte, mais pour les spécialistes du décryptage lexical le terme a le défaut de mêler sexisme et antisémitisme. Galliano aurait également tiré les cheveux de ladite Jap « sépharade », précise le blogue Mixbeat.
John Galliano a habillé Lady Di, Madonna. Vanté pour son audace et son iconoclasme, il n’a pas bien appréhendé les limites assignées à l’incorrection. Le défilé Dior de vendredi prochain, dans le cadre de la Fashion Week, devrait se dérouler presque comme prévu : sans « l’audacieux » directeur artistique.
Martin Schwa
Article extrait de Présent
du Mardi 1er mars 2011
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Par schwa1 le 22 Février 2011 à 18:33
L’agriculture face à l’associatif
Le collectif France Nature Environnement, peu avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture, a lancé une campagne. Une campagne ni publicitaire, ni bucolique, plutôt une campagne guerrière, dirigée contre l’élevage industriel mais visant aussi le monde agricole en général, au sujet des algues vertes, du danger lié aux OGM et aux pesticides.
Une affiche a particulièrement déplu, celle qui montre un homme s’apprêtant à se suicider, un épi de maïs OGM sur la tempe. L’agriculture est une catégorie socio-professionnelle particulièrement touchée par le suicide (taux trois fois supérieur à celui des cadres), donnée que FNE ne peut ignorer, et qui rend l’allusion particulièrement ignoble.
Qui est FNE pour s’instaurer en donneur de leçons ? Un « mouvement citoyen » d’associations et de fédérations d’associations, et de collectifs d’associations, soit au total un rassemblement de 3 000 « assoç ». Trois mille ! Le chiffre rappelle combien le marché de l’associatif, combiné avec celui de la défense de l’environnement, est juteux. Bien entendu, les idées sont désintéressées. FNE se présente comme « une association sans but lucratif, indépendante de toute entreprise, collectivité, organisation politique ou religieuse. »
Indépendante ? En réalité elle vit grâce aux subventions du ministère de l’Ecologie et du Développement durable, à celles de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie qui dépend en partie de ce ministère. En 2009, les aides de l’Etat représentaient 57 % de son budget de fonctionnement. Cet argent public sert aujourd’hui attaquer une filière déjà gravement éprouvée.
L’altermondialisme à l’œuvre
Dans la nébuleuse associative que prend FNE sous sa houlette, figurent des associations locales légitimes comme le Groupe ornithologique normand ou l’association Eaux et Rivières de Bretagne. Celle-ci s’est désolidarisée de la campagne agressive, en particulier de l’affiche concernant les algues vertes. France Nature Environnement n’avait pas cru bon de prévenir tous ses cotisants du sale coup médiatique qu’elle préparait. Eaux et Rivière de Bretagne « regrette profondément cette absence de concertation préalable ». Directement concernée par le problème des algues vertes, elle voit son travail ruiné par l’agressivité de FNE, alors qu’il faudrait « éviter toute forme de provocation qui conduit inévitablement à des surenchères ».
A côté des associations qu’on peut estimer sincères – et manipulées –, il en est d’autres d’inspiration clairement altermondialiste, tout comme certaines des associations « amies », par exemple Nature et Progrès, et encore l’emblématique Greenpeace.
L’esprit altermondialiste implique la promotion du commerce équitable. Ce commerce consiste à rétribuer justement le petit producteur exotique, à le protéger des multinationales occidentales, afin de lui procurer une vie décente. En théorie, évidemment, car ce n’est pas parce que c’est marqué sur le paquet que cela est aisé à vérifier. En pratique, l’idée généreuse ne vaut pas pour le petit producteur français, prisonnier d’un système de marges avant et arrière qui aboutit à vendre des produits en grande surface à des prix inférieurs au prix de revient. France Nature Environnement n’a aucune intention de lutter pour l’instauration d’une équité commerciale en France. C’est que le petit paysan exotique, humble rescapé de la colonisation, est supposé produire selon une méthode ancestrale en harmonie avec la Terre ; tandis que le petit paysan français, ex-colon par son histoire, pèche intensivement, par action et par pollution.
Subventions
Cette façon de produire, les agriculteurs n’en sont que partiellement responsables. La politique agricole commune (PAC) en un demi-siècle a démantelé l’agriculture française. Les quotas, les planifications, les subventions directes et indirectes… l’ont tuée.
France Nature Environnement, face aux réactions indignées, a précisé sa position. Pas d’« objectif de rupture avec le monde agricole », elle « entend poursuivre le dialogue engagé avec les représentants d’une profession qu’elle ne veut pas stigmatiser » et « a parfaitement conscience de la détresse économique à laquelle est confronté un grand nombre d’agriculteurs ». Pourquoi cet adoucissement soudain ? C’est que les subventions, si elles ont tué l’agriculture, les associations en vivent, et plutôt bien. Elles en ont besoin pour mener leurs actions subversives.
Martin Schwa
Article extrait du n° 7292
du Mercredi 23 février 2011
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Par schwa1 le 15 Février 2011 à 15:50
Prohibition rampante
L’Organisation mondiale de la Santé a rendu public, le 11 février, son Rapport mondial de situation sur l’alcool et la santé. Le bilan est sans appel : « Il faut réduire la consommation d’alcool », annonce le communiqué. Ce qu’un site d’actualités présente ainsi : « L’alcool tue plus que le sida ! ». La liberté de boire tue plus que la liberté sexuelle : le message va passer.
Près de 4 % des décès sont liés à un usage nocif de l’alcool. Le pourcentage augmente dans deux catégories : 9 % des jeunes de 15 à 29 ans, 20 % des Russes à l’âge adulte. L’OMS « définit l’usage nocif de l’alcool comme une consommation excessive au point qu’elle entraîne des dommages pour la santé et souvent également des conséquences sociales indésirables ». Si je lis bien, la cuite traditionnelle n’est pas concernée.
A côté de ces considérations mondiales, le rapport analyse la situation région par région, pays par pays. La consommation annuelle d’un Français adulte s’élève à 13,7 litres d’alcool pur. Cela le place au-dessus de la moyenne européenne, qui est de 12,2 ; et largement au-dessus de la moyenne ouzbèke, qui est de 3,5.
La moyenne ouzbèke ne se glisse pas par hasard dans la partie du rapport consacrée à l’Europe. L’OMS a une conception particulière de la « région Europe » : elle y inscrit Israël, la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l’Ouzbékistan et autres pays radicalement orientaux. L’OMS est très en avance sur l’UE, avec cette Europe élargie dans laquelle les racines chrétiennes comptent comme radicelles.
N’est-ce pas mieux ainsi ? « Le fait qu’il y ait moins de décès attribuables à l’alcool dans les pays à majorité musulmane n’est pas surprenant, du fait du chiffre élevé d’abstinents pour raisons religieuses », constate le rapport global (p. 11, 26, 46). Un précédent rapport consacré à la même simili-Europe (2010), soulignait « la corrélation entre le taux d’abstinence d’alcool et la proportion de population musulmane » (p. 9, 28). Obsession ? Comprenez : le problème de santé publique que pose l’alcool se trouverait heureusement résolu par une islamisation massive de l’Europe (occidentale). Telle déclaration sonnerait cru. Aussi l’OMS préconise-t-elle simplement de renforcer les politiques déjà mises en place : pression fiscale accrue, réduction du nombre des points de vente, augmentation des limites d’âge légales pour l’achat d’alcool, lutte contre l’alcool automobile – voire interdiction totale de l’alcool. Au passage le rapport a un geste de tendresse pour la loi Evin, « exemple de formulation d’une politique de contrôle de la publicité et de la commercialisation d’alcool ».
Tout ce discours de prohibition progressive et d’islamisation hygiénique est cautionné par des diagrammes, des courbes, des camemberts… Qu’y connaissent-ils au camembert, les experts de l’OMS ? Savent-ils seulement que cela s’accompagne d’un bon vin rouge ?
Martin Schwa
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Par schwa1 le 11 Février 2011 à 18:09
Un truc dans l’œil de la Joconde
Inflammation médiatique : la Joconde serait un homme ! Un chercheur italien aurait trouvé, cachés dans les yeux, un L et un S, comme Leonardo et Salai – ce dernier, un de ses apprentis et amant. Une trouvaille réfutée par le Louvre, qui explique que les microscopiques craquelures de la couche picturale suffisent à expliquer cette lecture. Les désœuvrés chercheront-ils, dans ce regard, les alphabets latin, hébreux et runique, ad libitum ? En 1919, Marcel Duchamp avait affublé la Joconde des lettres L.H.O.O.Q. L’initiative était moins bête : elle avait la franchise inutile du dadaïsme.
L’hypothèse que la Joconde soit un homme, présentée comme nouvelle par des médias incultes, est assez ancienne. Plus qu’incultes, les médias promeuvent surtout Giton et compagnie, voire la gender theory : quelle belle application culturelle du libre choix de l’identité sexuelle, vue comme une option elle aussi culturelle.
Sans compter les innombrables délires ésotériques qu’éveille la Joconde dans les esprits brumeux, les suggestions d’identification du modèle s’accumulent : portrait de Salai ? autoportrait travesti ? portrait de la mère de l’artiste ou de Catherine Sforza ? Un chercheur analyse le portrait comme celui d’une indigne prostituée, un autre comme celui d’une respectable femme enceinte… Dans ce débat, qui accouche, sinon – d’idées peu viables – les cerveaux de tous les Dan Brown au petit pied ?
Hypothèse audacieuse, hétérosexuelle : et si la Joconde était le portrait de Lisa del Giocondo ?
Martin Schwa
Présent du 11 février 2011
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Par schwa1 le 4 Février 2011 à 17:29
Carrière des commissaires européens
Lobbying et indemnités
Le système des indemnités cumulables versées aux anciens commissaires européens est l’objet de critiques de la part d’eurodéputés de couleurs politiques diverses. Parmi ceux-ci, la conservatrice allemande Ingeborg Grässle est la moins satisfaite de l’état actuel des choses.
Un commissaire européen en exercice touche au moins 20 000 euros par mois (on comprend leur attachement à cette monnaie), dont il perçoit, une fois son mandat terminé, de 40 à 65 % durant trois ans, cumulés avec son nouveau salaire. Cette indemnité est destinée à faciliter sa « réinsertion professionnelle » (cf. l’article d’Olivier Figueras, Présent du 28 nov. 2009), réinsertion qui ne doit pourtant pas s’accompagner des tracasseries que rencontre le citoyen lambda : propositions de stage ubuesque, petites annonces déprimantes, entretiens inutiles…
L’ex-commissaire peut retrouver une responsabilité politique ou obtenir un poste dans le privé. L’Italien Franco Frattini est devenu ministre des Affaires étrangères, le Français Jacques Barrot membre du Conseil constitutionnel. Problème, relève Ingeborg Grässle, puisque, touchant des indemnités, ils sont « doublement payés par le contribuable ». Pour les employés du privé, le problème ne se pose pas en termes financiers mais éthiques : les anciens commissaires voient souvent stipulée dans leur contrat l’obligation de pratiquer le lobbying auprès de la Commission européenne. Sans remettre en cause leurs compétences, l’embauche n’a peut-être que cette raison. L’ancien commissaire en charge du Marché intérieur, Charlie McCreevy, est désormais administrateur chez Ryanair : il doit effectuer au moins deux visites par an à la Commission européenne – et pas pour prendre des nouvelles de la santé des uns et des autres, évidemment.
Une réforme du « code de conduite » des commissaires européens sera discutée la semaine prochaine, mais le projet comporte encore trop de « zones d’ombre » aux yeux de Mme Grässle. Pour éviter tout soupçon de conflit d’intérêts, une interdiction de lobbying d’une durée de 18 mois est proposée ; mais la Commission ne propose pas de réforme du système d’indemnités transitoires, estimant n’en avoir pas le pouvoir. Une discrétion, une retenue, tout à son honneur.
Martin Schwa
Présent du 5 février 2011
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