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LA LETTRE DE POLEMIA
Avril 2009**** EDITORIAL ****
La diabolisation de Benoît XVI : la tyrannie médiatique à l’œuvre (édito 04/09)
Amalgame, désinformation, insinuations malveillantes, répétition et orchestration des commentaires : la diabolisation du pape au moyen de la sidération médiatique est stupéfiante. Cette « médiabolisation » est d’autant plus forte qu’elle vient de loin.
http://www.polemia.com/article.php?id=2002A quand les hausses d’impôt ?
http://www.polemia.com/article.php?id=1909Décadence de la démocratie ?
http://www.polemia.com/article.php?id=1911Pour l'amour de la France, on a le droit de refuser le métissage
http://www.polemia.com/article.php?id=1917La réintégration de la France dans l’OTAN
http://www.polemia.com/article.php?id=1925Le nombre de candidats pour s'engager dans la Marine a baissé de moitié
http://www.polemia.com/article.php?id=2087ENA , on déclasse
http://www.polemia.com/article.php?id=2089Immigration de peuplement : Polémia fait le point
http://www.polemia.com/article.php?id=1907Les différences entre les races existent !
http://www.polemia.com/article.php?id=2091Une révolte contre l’argent
http://www.polemia.com/article.php?id=2090Dix raisons…
http://www.polemia.com/article.php?id=1929« La Journée de la jupe »
http://www.polemia.com/article.php?id=2007Pétition contre le statut du beau-parent
http://www.polemia.com/article.php?id=2015La vénérable « Bank of England » au trente-sixième dessous
http://www.polemia.com/article.php?id=1918Un « juin 40 » de la France en guerre économique ?
http://www.polemia.com/article.php?id=1921AIG a renfloué des banques européennes, évité leur faillite et provoqué sa propre liquidation
http://www.polemia.com/article.php?id=1923L’Amérique trahit ses propres chômeurs
http://www.polemia.com/article.php?id=1926Récession en L et dé-mondialisation
http://www.polemia.com/article.php?id=2005Un bien pour un mal, que choisir entre croissance et récession ?
http://www.polemia.com/article.php?id=2011Aux Etats-Unis, le Lobby vacille / L’affaire de la nomination de Charles Freeman
http://www.polemia.com/article.php?id=1930Dans leur lutte acharnée pour le pétrole, les pays occidentaux sont déterminés à détruire le Soudan
http://www.polemia.com/article.php?id=2013« La Diversité contre l’égalité »
http://www.polemia.com/article.php?id=2000
LES CHIFFRES DU MOIS· 22%
C’est, aux Etats-Unis, le pourcentage des enfants hispaniques sur près de 9 millions d'élèves de maternelle. Ces mêmes enfants représentent 20% des quelque 32 millions d'élèves dans les écoles primaires, selon des statistiques de 2007 publiées par le « Census Bureau ». Près d'un quart des élèves de maternelle aux Etats-Unis sont d'origine latino-américaine, selon des chiffres du Bureau du recensement qui montrent l'accélération de la diversification de la population américaine qui ne sera plus dominée par les Blancs non-hispaniques dès 2042. (SOURCE : www.lefigaro.fr/international 05/03/09)· 3%
C’est le pourcentage minimum des habitants du district de Washington qui sont séropositifs ou atteints du sida, un total qui dépasse de loin le seuil de 1% qui constitue une épidémie « généralisée et sévère », selon un rapport qui doit être publié demain par l’administration de la santé publique. Cela se traduit par 2,984 habitants pour cent âgés de plus de 12 ans ou 15,120 pour cent selon le rapport de 2008 sur les épidémies, déposé par le service « Séropositifs et Sida » du district. « Notre taux est plus élevé que celui de l’Afrique de l’Ouest », rapporte Shannon L. Hader, directeur de cette administation. (SOURCE : The Washington Post.com du 14/03/09.)· 78%
C’est la proportion de Britanniques, sur les 6.538 personnes interrogées par FT/Harris pour un sondage publié par le « Financial Times », qui soutiendraient leur gouvernement si celui-ci décidait d’expulser les immigrés sans emploi. On retrouve un pourcentage identique chez les Italiens et une majorité chez les Français, les Allemands, les Espagnols et les Américains. Le sondage révèle que l’accroissement du chômage provoqué par l’actuelle crise économique et financière va placer l’immigration au cœur du débat politique des différents pays européens et accroître le score des mouvements nationalistes et identitaires prônant l’arrêt de l’immigration. (SOURCE : « Financial Times » du 16/03/09.)· 18.500
C’est le nombre des travailleurs immigrés dans les secteurs de l'industrie et la construction correspondant à la réduction de 14% du quota annuel de travailleurs étrangers qualifiés que l’Australie accueille sur son sol. (SOURCE : http://www.courrierinternational.com 17/03/09 qui reprend une information donnée par « The Age », quotidien de Melbourne.)· 63,99%
C’est le pourcentage de voix obtenu par le parti autrichien d’extrême droite BZÖ, dirigé par Jörg Haider jusqu’à son décès accidentel (en octobre 2008), lors de l’élection municipale de la capitale carinthienne, Klagenfurt. Il a confirmé son succès remporté aux récentes élections régionales de Carinthie. (SOURCE : « Le Monde » du 17/03/09.)· 89%
C’est le taux de la baisse de la collecte du Livret A et du Livret développement durable en février comparé à janvier. Elle a chuté de 2,1 milliards d’euros après un record de 18,8 milliards en janvier, à la suite de la généralisation de la distribution du Livret A à toutes les banques. (SOURCE : « Le Monde » du 25/03/09.)· 6/10
C’est le nombre de Belges qui, interrogés par le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR), un organisme parapublic, se disent hostiles à l’octroi de droits aux illégaux. Et près de 40% leur dénient ces droits même s’ils travaillent. (SOURCE : « Le Monde » du 25/03/09.)· 5.500 milliards de dollars
C’est le montant de la valeur boursière du secteur bancaire mondial qui a fondu avec la crise financière, soit 10% du PIB mondial, selon un rapport du Bodton Consulting Group publié le 26/03/09. (SOURCE « Le Monde » du 28/03/09.)· 1,6 million
C’est le nombre, au chapitre des « nouvelles configurations familiales », d'enfants qui vivent dans une famille recomposée. 2,7 millions vivent dans une famille monoparentale et 30.000, selon l'INED, grandissent « dans un foyer composé de deux adultes du même sexe ». (SOURCE : « Le Monde » du 28/03/09)ILS ONT OSE LE DIRE…
> « Amad Ly, figure des « grands frères » de Seine-Saint-Denis, prix de l’Ethique 2008, a été mis en examen et écroué, samedi 14 mars, pour enlèvement, séquestration, tentative d’assassinat et violences aggravées. Amad Ly s’était distingué lors des émeutes de Clichy-sous-Bois en 2005 par sa volonté de dialogue et pour son engagement citoyen. Il est l’auteur de “J’ai mal à ma France” et le dernier colauréat du prix de l’Ethique décerné par un jury présidé par Simone Veil. » (SOURCE : « Le Monde » du 17/03/09.)
> « Selon le Bureau maritime international (BMI), il ne se passe pas un jour sans que les eaux qui mènent au canal de Suez ne soient sujettes à des tentatives d’abordage ou de détournement. (SOURCE : « Le Monde » du 26/03/09.)
> « Ma sœur, je l’apprécie, donc je la soutiens forcément. (…) Mais il est vrai que le gouvernement se méfie d’Internet. Le Net, c’est la liberté, et cela fait peur aux politiques, qui retrouvent leurs vidéos sur Dailymotion, par exemple. Je pense qu’ils ont une approche qui n’est pas la bonne. On peut avoir peur de quelque chose. Pour autant, il vaut mieux l’apprivoiser que d’aller contre. Sur ce sujet, ma sœur peut jouer un rôle. C’est son rôle de secrétaire d’Etat à l’Economie numérique que d’éduquer le reste du gouvernement sur le fait qu’il y a des bonnes choses dans l’Internet. Il ne faut pas tout refuser en bloc. » (SOURCE : Pierre Kosciusko-Morizet, président de l’Acsel – l’Association pour l’économie numérique – « Le Figaro » du 27/03/09.)
> « Nicolas Sarkozy avait indiqué qu'il était hostile à l'adoption pour les couples homosexuels, mais il s'était engagé à prendre en compte les nouvelles constellations familiales. (…) Pour l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, le texte de Mme Morano n'est qu'une “petite avancée”. “Ce que nous demandons, ce n'est pas seulement l'autorité parentale, c'est aussi la filiation”, précise son porte-parole, Franck Tanguy. Mais certains députés UMP trouvent que le projet va déjà trop loin. “Je ne voterai jamais un texte qui met à mal la famille et qui ouvrirait la voie à l'homoparentalité”, affirme le député (UMP, Yvelines) Jean-Frédéric Poisson. » (SOURCE : « LeMonde du 28/03/09.)
> « Comme à chaque fois qu'une opération militaire est menée en dehors des frontières d'Israël [raid aérien sur le Soudan pour détruire un convoi d’armes destinées, selon Israël, au Hamas], les autorités de l'Etat juif ont refusé de confirmer ou d'infirmer les faits. Cependant, Ehoud Olmert, premier ministre démissionnaire, s'est publiquement félicité jeudi de la capacité d'action des forces armées israéliennes. “Nous opérons partout où nous pouvons frapper l'infrastructure terroriste, dans des endroits proches et lointains. Nous la frappons de manière à accroître notre capacité de dissuasion. Il est inutile d'entrer dans les détails, mais chacun peut utiliser son imagination”, a-t-il souligné avant d'ajouter : “Il n'y a pas d'endroit où l'Etat d'Israël ne peut pas opérer. Cela n'existe pas.” Port Soudan est situé à environ 1.400 kilomètres d'Israël. (SOURCE : « Le Monde » du 28/03/09.)
> « Le G20, c’est la victoire par K.O. de la “mondialisation libérale” » (SOURCE : Pierre-Antoine Delhommais, « Le capitalisme est mort, vive le capitalisme ! » in « Le Monde » des 5 et 6/04/09.)
> « Mais le bilan est sans appel : le G20 n'a pas été à la hauteur de l'enjeu. La raison est structurelle : le G20 n'a pas été mis en place pour apporter de véritables solutions, il a été convoqué à la va-vite pour sauver la mise des puissants et tenter de colmater les brèches d'un capitalisme en pleine crise. Impossible, dès lors, qu'il adopte des mesures suffisamment radicales pour modifier en profondeur le rapport de force actuel. (…) Un petit coup de peinture sur un monde en ruine, voilà la démarche du G20. Seule une forte mobilisation populaire pourra permettre de bâtir des fondations solides pour construire enfin un monde dans lequel la finance est au service des êtres humains et non l’inverse. » (SOURCE : Damien Millet, mathématicien, et Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, « G20 : Un coup d’épée dans l’eau » in « Le Monde » du 07/04/09.)
> « “Moi, j'étais partisan de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne”, a déclaré sur RTL le ministre des Affaires étrangères, qui a participé à plusieurs gouvernements socialistes avant de rejoindre celui de Nicolas Sarkozy, précisant qu'il ne l'était plus depuis le sommet de l'OTAN samedi à Strasbourg. Lors de cette réunion, la Turquie a longtemps bloqué l'approbation du Danois Anders Fogh Rasmussen comme secrétaire général de l'OTAN, avant de céder à des pressions américaines en échange de plusieurs garanties. Comme on lui demandait pourquoi il parlait à l'imparfait de son soutien à l'entrée d'Ankara dans l'UE, Bernard Kouchner a répondu : “Oui, parce que j'ai été très choqué par cette forme de pression qui a été exercée sur nous” lors du sommet de l'OTAN. » (SOURCE : lemonde.fr, 07/04/09.)
> « L'humoriste Dieudonné a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour “injures raciales” pour avoir remis sur la scène du Zénith le 26 décembre le “prix de l'infréquentabilité” à l'historien révisionniste Robert Faurisson, a annoncé mercredi le parquet de Paris. (…) Robert Faurisson (…) fait l'objet d'une nouvelle enquête judiciaire pour avoir qualifié l'Holocauste de “religion officielle” qui “continue d'abuser des millions de gens par des procédés grossiers”. » (SOURCE : AFP, 08/04/09.)
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Au musée Jacquemart-André<o:p></o:p>
Jaune d’or, jaune d’œuf<o:p></o:p>
Présent du 11 avril 2009<o:p></o:p>
Diplomate, homme politique, Bernhard von Lindenau (1779-1854) a rédigé la constitution du duché de Saxe en 1831. Membre correspondant de l’Institut de France, il a pratiqué l’observation astronomique. Il a rassemblé une collection de Primitifs italiens qu’il a léguée à sa ville d’Altenbourg, « pour l’éducation de la jeunesse et le plaisir des anciens ». Des anciens, les visiteurs du musée Jacquemart-André le sont en majorité. La jeunesse a tort d’ignorer le plaisir élevé qu’offrent les Primitifs, à portée d’œil. « Un guide de l’Italie qui voudrait instruire à la délectation ne devrait comporter qu’un seul conseil : regarde ! », écrit Rilke dans son Journal florentin. <o:p></o:p>
Divisée en école siennoise et école florentine (celle-ci moins représentée), l’exposition est remarquable ; on est allé quérir çà et là des éléments qui complètent ceux du musée Lindenau car les marchands, ces Ménades, en dépeçant les retables, ont inventé le puzzle auquel il manque des pièces. Ainsi, outre d’Altenbourg, les œuvres viennent d’Avignon, Bâle, Berlin, Naples, Paris, Parme, Rome, Utrecht. Elles sont toutes peintes sur panneau, à tempera : du bois, du jaune d’œuf, de l’or – les trois règnes, ad majorem dei gloriam.<o:p></o:p>
L’école de Sienne<o:p></o:p>
Le sac de Constantinople de 1204 a provoqué un afflux d’icônes en Italie, la manière grecque a stoppé net la peinture romane. Les panneaux de Guido Da Siena (fin XIIIe, scènes de la vie du Christ) sont peints sous influence byzantine. La Flagellation et la Crucifixion sont abîmées : les bourreaux ont été rayés, défigurés par un dévot qui aurait mieux consacré son énergie en apprenant la gravure. La Crucifixion présente une originalité : le Christ monte à l’échelle à l’invitation du bourreau juché sur un bras de la croix. « Un véritable hapax iconographique ! », s’exclame une dame. La Vierge à l’Enfant de Deodato di Orlando est encore une icône, celle de Lippo Memmi est gothique, elle a plus de souplesse, une merveilleuse draperie recouvre son siège (vers 1320, ill.). Une puissance étonnante émane de son saint Jean-Baptiste trônant et bénissant ; sa chevelure a de curieux épis qui lui prêtent l’apparence d’un être surhumain ou d’un coquillage exotique.<o:p></o:p>
Les gothiques régionaux se fondent en un gothique international. Au XVe siècle, certains Siennois modèrent ce gothique sous l’influence des Florentins. Ainsi Sano di Pietro (cycle de la vie de la Vierge : le décor tend à acquérir une troisième dimension cohérente, l’or cède la place au bleu), ainsi Pietro di Giovanni d’Ambrogio, dont on retient une jolie scène tirée de la Légende dorée de saint Nicolas. Dans une grande chambre, le nouveau-né se dresse, les mains jointes, les pieds dans la bassine, à l’étonnement de sa mère et des servantes. « Le premier jour qu’il fut né, comme on le baignait, il se dressa dans son bain. » (Le jeune Nicolas eut aussi pour particularité de ne téter que les mercredis et vendredis). L’irruption du surnaturel se fait dans l’émerveillement domestique, avec simplicité. La scène résume la poésie siennoise, une délicatesse de ton, un amour pour son sujet. La ville de Sienne n’a-t-elle pas donné près de cinq cents saints et bienheureux à l’Eglise, et une couleur à la peinture ?<o:p></o:p>
L’école de Florence<o:p></o:p>
« Les anciens Italiens, note S. Butler dans un de ses carnets, savaient fort bien ce qu’ils aimaient, et s’y prenaient comme des enfants pour le dire. » A condition de préciser : enfants prodiges. Le triptyque de Bernardo Daddi (XIVe, Couronnement de la Vierge, Vierge en majesté, Crucifixion) est composé avec une grande science : les six compartiments forment un ensemble lisible, des repos sont ménagés pour l’œil. Giotto n’est pas loin, mais la finesse de la main, l’acuité de l’œil appartiennent en propre à B. Daddi, mort en 1348 lors de la Grande Peste. Une Cène d’Agnolo Gaddi se situe entre manière grecque et gothique. L’artiste a mis un soin particulier et naïf à représenter les gobelets, la nourriture disséminée sur la table. Au début du XVe siècle le gothique international est de mise à Florence. Lorenzo Monaco peint une Fuite en Egypte représentative de ce courant (mais le fond d’or disparaît là aussi). Tandis que Masaccio innove et prépare la Renaissance, Fra Angelico est à la croisée des chemins, avec trois beaux panneaux, saint Jérôme, saint Bernard, saint Roch. <o:p></o:p>
Elève peut-être de Masaccio, influencé par Fra Angelico, voici Fra Filippo Lippi. Il ne correspond plus vraiment au type primitif. Nous le retrouverons samedi prochain (au Sénat) ; dans deux semaines nous explorerons le versant oriental de la question : les icônes du Mont-Athos (Petit Palais). Les musées parisiens s’accordent avec le temps liturgique.<o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
De Sienne à Florence, Les Primitifs italiens – La collection d’Altenbourg, <o:p></o:p>
jusqu’au 21 juin 2009, Musée Jacquemart-André<o:p></o:p>
illustration : Lippo Memmi, Vierge à l’enfant © Bernd Sinterhauf, Lindenau Museum, Altenburg, 2008<o:p></o:p>
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Le roman de la momie<o:p></o:p>
Présent du 4 avril 2009<o:p></o:p>
Le Louvre entrebâille les Portes du Ciel qui fermaient les chapelles privées et cachaient le dieu, et sont un aspect parmi d’autres des portes qui pour les Egyptiens de l’ancien monde séparaient les différents secteurs d’un univers ordonné. Exposition plus didactique qu’artistique, empruntant de belles œuvres à la haute époque, de moins fortes à la basse époque, quoique parmi ces dernières la fraîcheur ne soit pas absente.<o:p></o:p>
C’est le cas de la stèle de la dame Tapéret (illustration), plaquette de bois fort modeste en comparaison des stèles de pierre, joliment peinte. Au recto, sous forme de fleurs colorées, les rayons de Ré-Horakhty, le soleil zénithal, réchauffent le visage de la défunte. Le sol, la voûte céleste, les lotus qui symbolisent le Nord et les lys le Sud (les deux Egypte) sont autant de repères. Au verso, le jour baisse, s’éteint, Dame Tapéret adresse ses prières à Atoum, le soleil couchant ; la déesse Nout forme cadre, elle qui avale le soleil le soir et lui donne naissance le matin, ce qui situe l’Ouest et l’Est. Pour la fidèle, la course du soleil est l’image de sa propre vie, et sa renaissance le gage de sa propre éternité. <o:p></o:p>
L’immortalité a d’abord été le propre du Pharaon qui, en tant que dieu puisqu’il était un autre Ré, avait sa place post mortem à l’Est parmi les étoiles. Mais la dévotion à Osiris, dieu assassiné, démembré puis ressuscité après que son épouse Isis l’eut embaumé, cette dévotion en se répandant donna à chacun la possibilité de s’associer à son histoire et de prétendre à la vie dans l’au-delà. La « démocratisation » d’Osiris eut lieu vers -2000. <o:p></o:p>
Où le soleil disparaît, là sont les portes de l’au-delà souterrain, le Bel Occident. Le plan des enfers peint sur le sarcophage permettait au défunt de trouver son chemin jusqu’à l’endroit où il proclamait sa droiture devant quarante-deux juges puis son âme était pesée devant Osiris. Son ka (énergie vitale) demeurait auprès d’Osiris, son ba (autre énergie), figurée sous la forme d’un oiseau à tête humaine, regagnait le corps momifié, devenu sanctuaire. La conservation du corps était indispensable, sinon l’âme du mort eut erré. Sur un coffret à viscères de l’époque ptolémaïque, on voit le ba du défunt adorer le soleil sous ses trois aspects. Autres conditions à la survie : la mémoire du nom. Il est inscrit sur la stèle, et rien que cela a pleine et entière force pour faire « vivre » le défunt ; mais l’aide de la famille et des passants est invoquée elle aussi, comme celle des anciens collègues (grande stèle de Mérou, calcaire peint, -1800). La nourriture reste un besoin fondamental : le guéridon, sur la stèle de dame Tapéret, est chargé de victuailles, les inscriptions demandent du pain, de la bière et de la viande pour l’éternité. <o:p></o:p>
Les factures retrouvées donnent les tarifs pratiqués par l’artisanat funéraire. Les quatre vases canopes, utilisés lors de la momification pour recevoir les viscères, coûtent quinze jours de travail. Une statuette représentant le défunt, un mois ; on en voit de superbes en bois (-2200), mais aussi en pierre : Bak, chef des sculpteurs, en compagnie de son épouse Tahéry (14e siècle av J. C.). Ces représentations trouvaient place en général devant les « fausses portes », pierre symbolisant la chapelle funéraire, lieu de communication entre le mort et les siens.<o:p></o:p>
L’objet le plus cher à déposer dans la tombe était Le Livre des Morts : six mois de travail pour le calligraphier et l’illustrer. Grâce aux nombreux exemplaires du livre on est bien renseigné sur le processus funèbre. Qui mieux que l’Egyptien, en son temps, a cru à l’immortalité ? A envisagé la mort avec plus de couleurs ? La croyance à l’éternité s’est doublée d’une continuité temporelle pendant 2500 ans. La permanence religieuse et politique de l’Egypte, qu’on nomme immobilisme, s’explique par l’idée que le Ma’at (l’Ordre et son train : la justice, le bien, etc.) est toujours susceptible d’être vaincu par le Chaos originel. Ainsi chaque nuit Ré doit lutter contre le serpent Apophis, du même mouvement de lance que saint Georges contre le dragon (bois peint, -1250). Pharaon, quand il combat l’invasion étrangère, est un autre soleil luttant contre un autre Apophis. Il est garant des rites qui, inchangés, assurent l’Ordre ; il est l’intermédiaire entre les Dieux et son peuple car dans le sanctuaire le dieu n’est accessible qu’aux prêtres, aussi les laïcs s’adressent-ils à la statue du Pharaon installée devant les portes du temple. La belle statue de Séthi II (13e siècle av. J. C.), assis, avait cet usage. Son hiératisme, comme celui des statues cubes, est une autre manière d’exprimer l’éternité.
Samuel
Les Portes du Ciel, Visions du monde dans l’Egypte ancienne,
jusqu’au 29 juin 2009, Musée du Louvre, Hall Napoléon.<o:p></o:p>illustration : Stèle funéraire de la dame Tapéret, vers -800 © Musée du Louvre / G. Poncet<o:p></o:p>
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Un roman protéiforme<o:p></o:p>
Présent du 28 mars 2009<o:p></o:p>
Dès sa parution en 1516, le Roland furieux connut le succès en Italie puis, immédiatement traduit, en Espagne et en France où sa diffusion se mesure à la naturalisation en noms communs de deux des personnages : Sacripant, roi de Circassie, et Rodomont, roi d’Alger. La version définitive fut publiée en 1532, et les imprimeurs vénitiens satisfirent la demande avec des rééditions régulières en fines italiques, de plus en plus illustrées.<o:p></o:p>
Lodovico Ariosto (1474-1533), proche du cardinal Hippolyte d’Este puis du duc de Ferrare, reprend l’intrigue du Roland amoureux de Boiardo (1434-1494) au point où elle s’arrêtait. Sa technique narrative, complexe, brillante, dépasse celle de son prédécesseur. Il enrichit sa trame en puisant dans le cycle breton et dans la littérature latine (Virgile, Horace, Ovide, etc.) Il opère ainsi « la compénétration harmonieuse de l’épopée médiévale et de l’épopée antique », expliquait A. Mativa, O. J., dans son cours de littérature italienne (Namur, 1950). « En cela l’Orlando furioso est l’œuvre la plus représentative de la Renaissance italienne. Il l’est aussi par son indifférence. Par cette indifférence, absolue et sereine vis-à-vis de la morale, plus encore que par des descriptions passionnées ou franchement licencieuses, c’est un mauvais livre. » Le Roland furieux est-il encore lisible ? Le vers « éblouissant de clarté et de beauté, vide de pensée profonde » (je cite encore A. Mativa), en traduction française est vite lassant. <o:p></o:p>
Au fil du temps la lecture du roman est devenue secondaire et, considéré comme un formidable répertoire d’images, il a glissé du domaine littéraire au domaine pictural. Son origine n’est-elle pas autant visuelle que textuelle ? Pisanello et son atelier, au siècle précédent, dessinent des figures de l’univers courtois et chevaleresque, de jeunes chevaliers et de nobles dames, de même les contemporains de l’Arioste, Nicolo dell’Abate (illustration), Girolamo da Treviso, Bartolomeo Montagna. L’Arioste s’inscrit dans un contexte qui explique et le roman, et sa réception. De très beaux relevés des grotesques des Loges vaticanes font le lien entre les fantaisies ornementales et la fantasy, genre auquel le roman pourrait appartenir si on s’autorise l’anachronisme. (Le roman de J.R.R. Tolkien Le Seigneur des Anneaux et son adaptation cinématographique descendent pour une part du Roland furieux ; l’esprit en est bien différent.)<o:p></o:p>
Viennent les illustrateurs. Girolamo Porro illustre de gravures l’édition vénitienne de 1584. D’autres choisissent un épisode, comme Otto Venius qui représente l’épisode où Isabelle, afin de rester pure, pousse le païen Rodomont à la décapiter. Informel, Fragonard dessine cent-quatre-vingt scènes, d’un trait lâché et virtuose. Quelques uns de ses dessins sont présentés, il y manque hélas la scène où Roger libère Angélique, scène du roman devenu un poncif.<o:p></o:p>
Angélique a été attachée sur le rivage pour être dévorée par un monstre marin qui se repaît de chair fraîche. Roger chevauchant l’hippogriffe se bat contre lui dans une lutte furieuse où le reptile marin frappe la mer de sa queue tandis que les ailes de l’hippogriffe froissent l’air. L’épaisse peau du monstre ne se laisse pas entamer, aussi Roger use-t-il de l’écu magique pour aveugler l’orque, ce qui lui permet de délivrer Angélique.<o:p></o:p>
Chevalier combattant le dragon, héros délivrant la princesse sur le rivage, Roger renvoie à saint Georges, à Persée délivrant Andromède, et parfois se confond avec eux : un dessin de Piagio Pupini (XVIe) peut être interprété diversement. Delacroix, dans son tableautin, insiste sur la mêlée du duel, qu’il situe la nuit. Gustave Moreau en fait un projet d’éventail. Ingres peint trop léché Roger et l’hippogriffe, et Angélique fidèlement au récit : « Roger l’aurait prise pour une statue d’albâtre ou de tout autre marbre précieux, sculptée sur l’écueil par des statuaires habiles… » Ce nu a fait l’objet d’une étude au même format. Louis-Antoine Barye choisit le moment où Roger embrasse Angélique tandis que l’hippogriffe s’envole, laissant sous lui le monstre marin. Le bronze est étonnamment confus (à moins que l’éclairage ait été mal pensé). <o:p></o:p>
Les intrigues amoureuses, les passions, les drames, la féerie n’ont pas laissé indifférents les compositeurs : Lulli, Haydn, Haendel, Vivaldi, dont l’Orlando furioso – le 3ème acte surtout – abonde en dialogues vifs, en fantaisies vocales. Adapté en livret, le roman touffu est simplifié ; c’est parfois une partie, ou un personnage, qui devient l’argument (Rameau, Les Paladins ; Haendel, outre son Orlando, composa un opéra centré sur la sorcière Alcina puis un autre sur le chevalier Ariodante). <o:p></o:p>
Samuel<o:p></o:p>
Imaginaire de l’Arioste, l’Arioste imaginé<o:p></o:p>
jusqu’au 18 mai 2009, Musée du Louvre<o:p></o:p>
Illustration : Scène chevaleresque, Nicolò dell’Abate, (Modène, 1509 - France, 1575) © Musée du Louvre<o:p></o:p>
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